Interview

Autopsie des fantômes : une histoire du spiritisme

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« Première entrée des fantômes », Rebel, circa 1945 - source : Gallica-BnF

Dans une enquête sur les terres du spiritisme, le médecin légiste et anthropologue Philippe Charlier revient sur la naissance et le développement de ce mouvement au XIXe siècle et interroge les raisons de son succès.

Propos recueillis par Marina Bellot

RetroNews : Quand naît le spiritualisme aux États-Unis ? Comment se développe-t-il jusqu’à devenir une véritable institution sociale ? 

Philippe Charlier : Il apparaît dès les années 1840 et se développe notamment dans le milieu des quakers. C’est un mélange entre philosophie et religion chrétienne protestante.

Pour justifier la présence de Dieu et celle du purgatoire, pour coller aussi à une soif du merveilleux, on accrédite l'idée que la mort n'est pas une fin et que certains défunts continuent à s’exprimer. Soit ils sont bloqués au purgatoire et sollicitent une aide pour passer les portes de Saint-Pierre, soit les morts qui sont au paradis ont un message à transmettre pour améliorer les conditions de vie des mortels.

En Nouvelle-Angleterre et sur la côte Est des États-Unis où il se développe, le spiritualisme va jusqu’à prendre la forme de grands shows qui en imposent. Il va ensuite se diffuser vers l’Empire britannique, notamment au Royaume-Uni dans le milieu protestant, par le biais des contacts incessants sur le plan politique et commercial entre les États-Unis et la « nation mère ». Ensuite, il va traverser la Manche, où le terreau était déjà présent, que ce soit en Italie, en Allemagne ou en France, où les dernières avancées scientifiques mettent alors en évidence l’existence de forces invisibles. Entre théories physiques, chimiques, magnétiques, ces forces invisibles font désormais leur apparition dans le champ de la science. C’est un terreau magistral pour le déve...

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