En janvier 1939, c’est la Retirada, au cours de laquelle près d’un demi-million d’Espagnols se réfugient en France pour fuir le franquisme. Quel rôle jouent les habitants de la petite Espagne ?
Les Espagnols qui ont passé la frontière se retrouvent dans les camps du Sud (Argeles, Saint-Cyprien…) avec l’interdiction d’aller en région parisienne. Sauf s’ils y ont des ascendants. Ceux-ci s’organisent pour venir les chercher. On assiste alors au retour des jeunes du quartier qui étaient partis se battre.
La présence des anciens de la guerre civile et des militants communistes fait de la Plaine un nid de résistance pendant l’Occupation. D’ailleurs ils subissent une rafle en septembre 1941 au terme de laquelle vingt habitants sont déportés. Ceux qui ont survécu se réinstallent à la Plaine en 1945, rejoints par d’autres déportés espagnols qui, une fois passés par l’hôtel Lutétia à Paris, se dirigent vers ce bout d’Espagne où ils sont accueillis à bras ouverts.
A partir de 1956, la Plaine connaît une recrudescence d’arrivées quand les Espagnols peuvent à nouveau circuler. C’est une nouvelle vague, encouragée par le fait que la France a besoin de main-d’œuvre, que les mairies de cette banlieue sont communistes et que la solidarité de la Plaine est réelle.
Que reste-t-il de la petite Espagne aujourd’hui ?
A partir des années 1980, les enfants se marient hors de la communauté (75% des mariages religieux se font avec un non-Espagnol) et quittent le quartier. Le dispensaire a fonctionné jusqu’à cette période. Le gouvernement espagnol a aménagé dans les locaux de l’ancien patronage un centre d’accueil de jour pour les retraités espagnols de la région parisienne.
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Natacha Lillo est historienne, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université de Paris. Elle est notamment l’auteure de La Petite Espagne de Saint-Denis 1900-1980, paru aux éditions Autrement.