Interview

Sexe et impôts : une autre histoire de la famille moderne

le par

La famille Wittorski-Raulin avec ses enfants, circa 1900 - source : Gallica-BnF

Comment l'État et la fiscalité ont-ils façonné la famille moderne ? Quels héritages pèsent sur nos conceptions de la sexualité et des relations conjugales ? À travers de nombreuses études de cas, l'historien suisse Sandro Guzzi-Heeb revisite les liens entre sexe, impôt et parenté.

RetroNews : Votre ouvrage présente de nombreux cas d'étude qui illustrent la manière dont les comportements sexuels sont liés aux idéologies politiques et à l’appartenance sociale. Pourquoi avoir choisi cette approche ?

Sandro Guzzi-Heeb : À la lecture des ouvrages de synthèse qui existent sur le thème de la sexualité et de la parenté, j'étais un peu frustré car, sous l'influence de Michel Foucault et surtout de ses disciples, toute la recherche a été orientée vers les approches culturelles, certes intéressantes, mais dont le poids est selon moi disproportionné. Dans cet ouvrage, je propose de lier davantage l’histoire de la sexualité à des approches d'histoire sociale, qui prennent en compte les réalités très différentes vécues par les différentes couches sociales.

Dans le cadre de mes recherches en Suisse occidentale, j’ai beaucoup travaillé sur une source qui a été négligée ces dernières années : les registres de paroisses, où l'on trouve toute une série d’informations très précieuses sur la famille, la reproduction, la sexualité… Ces registres ont été en partie saisis dans des bases de données de taille impressionnante et très bien faites, auxquelles j’ai intégré d’autres sources classiques, notamment les archives judiciaires ou notariales. J’ai ainsi pu regarder de près...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.