Interview

La nuit de noces : éclairer un événement intime et secret

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« Après la nuit de noces », dessin paru dans Le Rire, 1914 - source : RetroNews-BnF

Événement aussi banal que paroxystique, miroir des grandes évolutions du siècle, la nuit de noces a peu été étudiée par les historiens. Entretien avec la chercheuse Aïcha Limbada, qui y a consacré un ouvrage éclairant. 

RetroNews : Pourquoi vous êtes-vous intéressée à la nuit de noces comme objet de recherche ? Comment expliquer le vide historiographique qui prévalait jusque-là ?

Aïcha Limbada : Les études dix-neuviémistes traitent étonnamment moins de la conjugalité hétérosexuelle légitime que des formes de sexualité qui s’écartent des normes admises (homosexualité, prostitution, adultère, etc.). En ce qui concerne la nuit de noces spécifiquement, les historiennes et historiens n’échappent pas totalement à la représentation qui fait d’elle un moment marqué par le silence, sur lequel il n’existerait que peu de traces qui permettent de la documenter, ce qui limiterait les possibilités de l’étudier. Par ailleurs, elle peut aussi apparaître au premier abord comme un sujet « croustillant », qui susciterait une curiosité déplacée, et donc mal adapté aux attentes académiques dans le contexte d’une thèse de doctorat.

J’ai commencé ce travail en réfléchissant à la façon dont on pourrait écrire l’histoire de cet événement réputé secret, en espérant trouver des sources et des archives qui ne se limiteraient pas aux pages les plus connues d’Honoré de Balzac, de George Sand ou de Guy de Maupassant sur le sujet, et qui pourraient aussi bien éclairer les représentations que les pratiques, dont on savait peu de choses.

Quelles sources avez-vous mobilisées et quelles difficultés avez-vous...

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