Interview

« La ronde des animaux » : une histoire des bêtes prolétaires

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Pyrénées : Attelage de bovins du pays béarnais, circa 1910 - source : Gallica-Bibliothèque Pireneas

Pour « redonner à voir les collaborations entre humains et non-humains invisibilisées par les récits dominants », l'historien François Jarrige retrace dans La Ronde des bêtes la longue histoire du « moteur animal » et montre comment les animaux ont contribué à la fabrique du monde moderne.

RetroNews : Quand et pour quelles activités les hommes ont-ils commencé à avoir recours à la force animale ? 

François Jarrige : Il est impossible de dater précisément l’apparition du manège mais il existe des traces très anciennes de l’utilisation de la force animale. Dès que les hommes ont su domestiquer des
animaux, ils ont cherché à les utiliser afin de tirer, porter ou écraser. La traction animale se développe ainsi dès le IVe millénaire avant notre ère pour porter des charges ou tirer les araires. Puis, dans la Haute Antiquité, la domestication des grands animaux de trait tels que le cheval et le bœuf, couplée au progrès dans le harnachement, a conduit à les atteler à une barre pour donner le mouvement à une roue motrice, par exemple, pour transporter ou lever des charges.

À partir du Moyen Âge, les tâches sont de plus en plus diversifiées. Dans un contexte de croissance démographique et d’augmentation de la production, les animaux sont utilisés pour compenser la pénurie de main-d'œuvre.

Malgré les grandes inventions techniques de l'ère industrielle, la force animale reste largement exploitée. Quels secteurs font appel aux bêtes, et pour quels usages ?

Entre le Moyen Âge et le XVIIIe siècle, l’utilisation de la force animale est peu à peu adaptée à toute une série de secteurs. Les mines, qu’il s’agisse de mines métalliques ou de mines de charbon, sont un grand terrain d’exploitation de cette force animale qui permet d’e...

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