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« Monstres en soutane » : premiers scandales sexuels dans l’Église

le par - modifié le 17/05/2021
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À l’orée de la IIIe République, la presse radicale se déchaîne contre l’institution catholique lorsqu’éclatent au grand jour plusieurs affaires de pédophilie. Une abbaye de Bourgogne est alors sous les feux des projecteurs, et avec elles ses « odieux ensoutanés ».

En juin 1888 éclate un scandale qui va causer la perte de la puissante congrégation de Saint-Joseph, installée depuis 1841 dans l’abbaye de Cîteaux, en Bourgogne. À l’origine de la déflagration, un adolescent détenu dans cette institution, qui accueille des jeunes délinquants placés par l’État : en fuite, il a été arrêté le 18 juin pour vagabondage et affirme avoir subi, comme la plupart des autres membres de la colonie pénitentiaire, des coups et attouchements « lubriques » de la part des frères.

Rapidement, l’incident se mue guerre de tranchée entre cléricaux et anticléricaux, à la charnière de deux enjeux : une nouvelle sensibilité sociale au sort des enfants et la lutte des républicains contre l’influence de l’Église, au sein de l’école, de l’armée, des prisons ou de la magistrature.

Lorsque l’affaire éclate, la IIIe République, consolidée depuis à peine une décennie, est ébranlée par la menace boulangiste. La nécessité de ressouder les rangs républicains contre un ennemi commun, le « cléricalisme » dénoncé par Gambetta en 1877, explique pour partie le déchaînement d’indignation dans la presse républicaine, et sa brusque sollicitude à l’égard des enfants maltraités.

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Mais la question des « débauches sexuelles » au sein de l’Église n’a rien de neuf. Leur dénonciation était déjà un lieu commun du siècle des Lumières et inspira quantité de pamphlets pendant la Révolution. Si l’émotion semble être retombée pendant la première partie du siècle, elle connaît un regain de vigueur à compter des années 1880, décennie durant laquelle l’historienne de la pédophilie Anne-Claude Ambroise-Rendu décèle, plus largement, une attention accrue aux violences sexuelles à l’encontre des enfants.

De fait, la presse de la décennie offre déjà de nombreux exemples de dénonciation de « monstres en soutanes » accusés d’être des « abuseurs d’enfants » – le terme de « pédophilie », créé en 1883 par la littérature psychiatrique, reste encore peu usité. Ainsi L’Événement du 13 août 1879, qui évoque des faits ayant pour cadre le petit village de La Fère, entre Laon et Saint-Quentin :

« Voilà des détails sur l’affaire scandaleuse que je vous ai annoncée le 9 août :

 Le vicaire Marbrier a été écroué samedi soir à la prison de Laon, sur un mandat d’arrêt délivré par le procureur de la République.

Cet ecclésiastique est accusé d’avoir abusé plusieurs fois d’une petite fille âgée de neuf ans dans son confessionnal.

Il est établi par le rapport médical que ce monstre en soutane a violé la pauvre enfant.

L’instruction se poursuit activement. L’indignation est grande. »

À partir de janvier 1880, Le Petit Parisien consacre l’essentiel de sa « Chronique cléricale » à ces « monstruosités ». Il évoque par exemple, le 8 janvier 1880, le cas d’un prêtre attaché à une institution scolaire de Montélimar, arrêté pour « attentats à la pudeur sur mineurs de moins de 13 ans » (catégorie juridique qui est le plus proche équivalent, à l’époque, du crime de pédophilie).

Le 27 janvier 1880, c’est un frère mariste de Pont-de-Vaux qui est condamné à huit ans de travaux forcés pour des attentats identiques ; le 5 février 1880, c’est le curé de La Grimaudière, dans le Var, qualifié d’ « odieux frocard » par le journal, qui aurait abusé depuis plus de vingt ans des petites filles qu’il préparait à la première communion ; le 17 avril 1880, un frère mariste d’Ambérieu est accusé de son côté d’avoir commis plus d’une dizaine d’attentats à la pudeur dans les divers établissements où il a enseigné : « il ne nous est pas permis de rendre compte de débats aussi répugnants », précise Le Petit Parisien, en affectant une pudeur fréquente pour ce type d’affaires, souvent jugées à huis clos.

« Neuf jeunes enfants, victimes des attentats de Pétel, ont été entendus et leur jeune imagination salie, comme leur corps, par ces débats. »

L’accusé est condamné à sept ans de réclusion.

On n’en finirait pas d’aligner les exemples, dont il n’est pas toujours aisé de déceler s’ils relèvent d’accusations fondées ou de simples rumeurs. Mais l’affaire de Cîteaux est d’un autre calibre, à la fois par le son contexte politique et par son ampleur. Un journal en particulier, La Lanterne, va faire de ce scandale une véritable cause. Il ne s’agit plus, à cette date, de l’hebdomadaire satirique fondé par Henri Rochefort en 1868, qui avait fait trembler les bases du Second Empire finissant, mais d’un quotidien créé en 1877 et qui, jusqu’en 1928, défend avec vigueur sa ligne de « journal républicain anticlérical » – formule qu’illustre, en 1902, une spectaculaire affiche d’Eugène Ogé.

Dès le 1er juillet 1888, La Lanterne s’empare avec délectation du « scandale de Cîteaux », non sans le replacer dans une longue cohorte :

 « On ne compte plus depuis quelque temps les nombreux scandales cléricaux qui se produisent sur tous les points du territoire.

Curés et frères congréganistes moralisent les petits garçons et les petites filles de telle façon qu’ils ont maille à partir avec les tribunaux de Brest à Dijon, de Bayonne à Dunkerque. »

Menace diffuse qui trouve en l’espèce une sorte de condensé hyperbolique, ainsi que le souligne la titraille :

« Monstruosités - 250 enfants souillés – 80 témoins interrogés – Évasion d’un enfant – Arrestation du frère Hyacinthe et du frère Philippe – Fuite de trois autres frères »

L’affaire va ainsi occuper la Une du journal presque quotidiennement pendant tout le mois de juillet 1888, et de manière régulière jusqu’à la fin de l’année, au sein d’une rubrique ad hoc baptisée « Monstres en soutanes », qui s’enrichit régulièrement d’affaires similaires et survivra d’ailleurs au scandale de Cîteaux. Le journal n’a pas hésité à dépêcher sur place son reporter, Victor Flachon, qui ne ménage pas sa peine : enquête de terrain, interrogatoire serré des enfants et des villageois, mise en accusation des forces de police et de justice jugées trop lentes et insuffisamment républicanisées… Le journal prend ici très au sérieux son rôle de « quatrième pouvoir », encouragé par la très libérale loi sur la presse de 1881.

L’affaire est complexe et superpose plusieurs catégories d’accusations – mauvais traitements, coups et blessures, nourriture infecte et insuffisante, mauvaise hygiène des enfants, agressions sexuelles, le plus souvent pédérastiques… Ce sont ces dernières qui focalisent l’attention de la presse, tant elles semblent illustrer de manière exemplaire les dérives propres aux milieux clos de la religion catholique – tant, aussi, elles sont les plus à même d’émouvoir l’opinion et d’entraîner les condamnations les plus sévères.

Les « frères » sont ainsi systématiquement qualifiés de « pédérastes » ou de « sodomistes », tandis que la congrégation de Saint-Joseph devient, sous la plume de Victor Flachon, une « véritable succursale de harems orientaux de petits garçons » (5 juillet). Les  témoignages recueillis auprès des victimes suscitent des récits mi-horrifiés mi-fascinés :

« Je demande au plus grand qui paraît avoir 16 ans :

- Avez-vous assisté à des scènes honteuses ?

- Oui monsieur : un frère a bien essayé avec moi mais je ne me suis pas laissé faire.

- Comment s’appelait ce frère ?

- C’était Hyacinthe.

- Comment s’y prenait-il ?

- Il me passait la main dans la culotte (textuel). Je me défendais et lui disais que je n’étais pas un cochon comme lui. Plusieurs fois il a essayé de me faire des attouchements en me faisant des propositions obscènes dans des termes d’une révoltante crudité. »

Comme pour enfoncer le clou, une autre affaire se déclenche au même moment au sein d’une filiale de la congrégation Saint-Joseph, à Saint-Médard-de-Soissons, qui entraîne l’arrestation d’un prêtre, de plusieurs frères, et d’une sœur. « Dans quelques jours, estime La Lanterne, le scandale de Soissons atteindra l’importance du scandale de Cîteaux, s’il ne dépasse pas ce dernier » (13 juillet).

Dans ce contexte exacerbé, le gouvernement Floquet, qui rassemble des opportunistes et des radicaux, prépare dans l’urgence un projet de loi visant à rapporter les autorisations précédemment accordées à certaines congrégations religieuses d’hommes et à dissoudre celles qui se sont reconstituées sans autorisation, après les dissolutions de 1880.

Dans le camp d’en face, la riposte s’organise. À la Chambre, le député du Finistère, l’ancien évêque d’Angers Charles-Émile Freppel, a beau jeu de rappeler que « les congréganistes ne le cèdent en rien aux laïques, dans l’éducation immorale des petits enfants confiés à leur soin » (La Lanterne, 14 juillet). Le journal La Croix du 15 juillet entend pour sa part démonter la mécanique accusatoire, qui repose, selon lui, sur le témoignage bien fragile du seul Morel, l’adolescent arrêté pour délit de vagabondage.

L’organe catholique inverse la perspective en insistant sur le dévouement d’un personnel qui ne ménage pas ses efforts pour « triompher des bandes indisciplinées et vicieuses dont ils ont la principale charge ». Il reproche par ailleurs aux journaux anticléricaux d’ignorer la différence entre les « vrais » religieux, ayant prononcé un vœu solennel, et ceux qui, employés comme domestiques ou assistants, n’ont prêté qu’un vœu simple. Or, ce sont eux les principaux accusés, argumentaire que reprend L’Observateur français du 19 juillet :

« Les cinq prêtres qui, à Cîteaux, accomplissent avec le directeur, la plus pénible des missions et le plus difficile des sacerdoces, doivent être écartés du débat qui s’agite en ce moment autour de la colonie. […].

Les religieuses de la congrégation de Saint-Joseph, attachées à la colonie, ont échappé jusqu’ici aux attaques de la tourbe anti-cléricale et aux dénonciations des enfants.

Nous dirons d’elles ce que nous avons dit des Pères : qu’elles sont des modèles de charité, de patience et de vertu. »

Ces nuances restent pour l’heure sans effet. Le 31 août commence le procès en correctionnelle des inculpés de Saint-Médard-de-Soissons, le 16 octobre celui des accusés Cîteaux, pour les inculpations les plus légères (coups et blessures, mauvais traitements). Ce fut, dans les deux cas, un défilé de témoignages assez peu ragoutants, comme en témoigne cet extrait de La Lanterne à propos du procès de Soissons :

« Les dépositions de ces pauvres enfants sont accablantes pour les bons frères et mettent à nu toutes les beautés de l’instruction religieuse […].

À chaque interrogatoire, le cœur se serre et l’indignation vous étouffe. […] Il n’est pas un enfant qui ne déclare avoir été frappé odieusement ou qui n’ait été l’objet d’attouchements obscènes. »

Les peines vont pourtant rester légères, de 6 jours à 3 mois de prison pour les « frères » de Saint-Médard, ce qui permet au journal Le Conservateur d’ironiser :

« L’Intransigeant aurait voulu les galères pour quelques oreilles tirées et pour quelques coups de pieds allongés au postérieur de petites vermines irréductibles et qui formeront, un jour, sa clientèle. »

Les charges contre le personnel de Cîteaux sont en revanche plus lourdes : « les détails en sont tellement honteux que je ne puis vous les télégraphier : c’est sale, c’est dégoûtant, c’est infâme ! » s’en indigne le reporter de La Lanterne le 17 octobre. Le procès fut aussi beaucoup plus long, du fait que les cas des 25 furent dissociés.

Il fut suivi par un procès aux assises contre huit prévenus, du 30 novembre au 7 décembre 1888. Les condamnations laissent deviner une grande diversité de situations. Le frère Victor, surveillant du dortoir de Cîteaux, qui avait déjà été condamné dans sa jeunesse à 6 ans de prison pour le viol de deux petites filles, et était accusé d’avoir profité de ses tournées nocturnes pour réaliser des attouchements sous les draps, n’est condamné qu’à trois mois de prison et 16 F d’amende (La Lanterne, 18 octobre) ; le frère Jules, accusé par quatorze témoins, bénéficie de la rétractation de treize d’entre eux et se voit acquitté ; le frère Philippe, qui, selon La Lanterne, avait « commis sur les enfants confiés à ses soins toutes les saletés qu’un pédéraste doublé d’un religieux peut commettre » fut condamné à un an de prison seulement, le jury lui ayant trouvé des circonstances atténuantes (7 décembre).

D’autres peines, en revanche, se révélèrent plus lourdes, y compris en correctionnelle : le frère François-Joseph fut condamné à 18 mois de prison pour « outrage public à la pudeur », le frère Placide  à deux ans pour les mêmes faits (17 octobre), le frère Hyacinthe, dont l’avocat plaidait l’idiotie et l’irresponsabilité, sera condamné en appel, en février, à 8 ans de réclusion.

En tout état de cause, la sévérité de la justice de l’époque reste sans commune mesure avec ce qu’elle serait aujourd’hui, où un viol sur mineur de moins de 15 ans fait encourir, a minima, une peine de 20 ans de prison (15 ans pour les plus de 15 ans), l’agression sexuelle, de 10 ans (7 ans pour les plus de 15 ans), l’atteinte sexuelle, de 7 ans (3 ans pour les plus de 15 ans), l’implication de personnes ayant autorité entraînant des circonstances aggravantes.

Le chroniqueur de La Lanterne ne manqua pas, pour son compte, de déplorer l’excessive clémence de la justice, et plus encore, des acquittements jugés « inexplicables ». L’édition du 7 décembre est un violent réquisitoire contre une magistrature accusée d’être encore gangrenée par « la réaction » :

« La magistrature que dirige actuellement un ministre tombé en enfance [le modéré Joannis Ferrouillat] n’est composée dans les mêmes proportions que d’excellents cléricaux, recrutés avec un soin particulier. […]

Depuis qu’a commencé devant la cour d’assises de la Côte d’Or, le défilé des frères pédérastes de Cîteaux, les magistrats de Dijon n’ont cessé de montrer par des actes leur dévouement au cléricalisme. Obligés de condamner les ignobles satyres que le jury a déclaré coupables, ils le font le cœur navré. »

La relative clémence des juges s’expliquait d’abord par la difficulté d’administrer les preuves avec rigueur, dans des affaires où, comme aujourd’hui, la parole des enfants se révélaient souvent fluctuantes – même si c’était, selon La Lanterne du 18 octobre, du fait de pressions inadmissibles sur les jeunes témoins. Plus largement, le seuil de tolérance social à la souffrance infantile, et aux traumatismes d’origine sexuelle, restait bien supérieur à ce qu’il est aujourd’hui, même si l’indifférence ou le fatalisme des siècles antérieurs n’étaient plus de mise.

Les reporters évoquent, à plusieurs reprises, les réactions hostiles du public (voir par exemple La Lanterne du 20 octobre), et dans une affaire de 1896, l’arrestation d’un abbé « pédophile » à Levallois-Perret, provoqua même une mini-émeute :

« Lorsque les parents des enfants qui suivaient les leçons de l’odieux ensoutané apprirent son arrestation, ils crurent que leurs propres enfants avaient été victimes de ses monstrueuses pratiques et se précipitèrent vers le commissariat dont ils firent le siège, voulant s’emparer du coupable et le mettre en pièces.

Pour protéger leur prisonnier, les agents durent mettre sabre au clair. […] L’émotion est vive à Levallois et l’indignation profonde contre les porte-soutanes. »

Dans le cas de la congrégation de Saint-Joseph, les faits étaient de toute façon trop nombreux et trop bien étayés pour que l’on s’en tienne à de simples sanctions judiciaires individuelles. Le 25 septembre, le gouvernement abrogea le décret de 1853 qui l’avait reconnue d’autorité publique, et dispersa en décembre le personnel de ses trois principaux établissements (Cîteaux, Soissons, Brignais). La congrégation dut définitivement renoncer à ses activités en 1892, et vendit Cîteaux à des trappistes en 1898.

Cependant, comme l’analyse l’historien Éric Baratay, sa chute était moins due à l’enjeu encore embryonnaire de la « pédophilie dans l’Église » qu’à l’inadaptation croissante de la gestion des problèmes sociaux par le personnel religieux. Cette mini-crise annonçait la loi de 1901 sur les associations, et l’offensive beaucoup plus générale contre l’ensemble des congrégations, notamment enseignantes, qui s’engagea sous le Bloc des gauches, à compter de mai 1902.

Dans l’intervalle, les affaires d’attentats aux mœurs commis par des ecclésiastiques, continuèrent d’alimenter régulièrement la rubrique des faits divers [voir par exemple l’affaire Boudes en 1889-1890]. La formule « monstre en soutane » était devenue une locution banale, utilisée sans beaucoup de discernement par la presse républicaine. Il est ainsi assez curieux que la « révélation » d’affaires de pédophilie dans l’Église ait été perçue comme un fait sans précédent, alors même qu’elles ont été, à intervalles réguliers, au cœur de notre histoire politique et religieuse.

Pour en savoir plus :

Anne-Claude Ambroise-Rendu, Histoire de la pédophilie, XIXe-XXIe siècle, Paris, Fayard, 1994

Éric Baratay, « Affaire de mœurs, conflits de pouvoir et anticléricalisme : la fin de la congrégation des frères de Saint-Joseph en 1888 », in: Revue d’histoire de l’Église de France, tome 84, n° 213, 1998, pp. 299-322

Emmanuelle Retaillaud est historienne, spécialiste de l'histoire de l'homosexualité et des « marges ». Elle enseigne à Sciences Po Lyon.

AMBROISE-RENDU Anne-Claude, Histoire de la pédophilie, XIXe-XXIe siècle, Paris, Fayard, 1994.

ANGENOT Marc, « Monstres en soutanes et autres figures du monstre en France avant 1914 », 13 avril 2019, popenstcok.ca.

BARATAY Éric, « Affaire de mœurs, conflits de pouvoir et anticléricalisme : la fin de la congrégation des frères de Saint-Joseph en 1888 », Revue d’histoire de l’Église de France, tome 84, n° 213, 1998, pp. 299-322.