Chronique

1920-40 : l’âge d’or du cyclisme populaire dans la presse

le par

« Pédaler est bien agréable mais ne plus pédaler, c’est merveilleux », Regards, 1936 - source : RetroNews-BnF

Véhicule populaire par excellence, le vélo devient dans les années trente un symbole, celui des jeunes gens et de la France rurale ou salariée. Sur les routes, les automobilistes ne voient déjà pas d’un bon œil leur cohabitation avec ces « privilégiés de la pédale ».

S’il est un objet qui saurait incarner à lui seul le Front populaire c’est le tandem, sur lequel se sont fixées les évocations des congés payés, des vacances et des loisirs du prolétariat urbain. Mais ces images de couples s’élançant sur les routes des vacances témoignent en réalité d’une époque toute entière, où le vélo quittait les domaines sportif et récréatif pour s’insérer pleinement dans le quotidien et dans les usages de la ville.

Le vélo, c’est alors l’auto des classes populaires. S’il n’est pas assez « chic » pour les années 1920, la décennie suivante en fait un symbole, un objet communautaire, populaire, moderne. La bicyclette des années trente devient un accessoire chic et ses formes fuselées s’exposent dans les magazines.

Mais bien davantage que l’été 1936 l’instauration, l’année précédente, de la Journée nationale de la bicyclette le 14 avril 1935 marque une consécration. Avec 7 millions de cyclistes en 1932, 8 millions en 1937 – soit un Français sur 5 – la petite reine possède désormais des promoteurs politiques, à l’instar de Paul Reynaud.

Cet engouement est mondial, chacun dans son style : des inévitables « vélostrades » allemandes aux pin-ups d’Hollywood sur papier glacé, sans oublier les « torrents de cyclistes » hollandais - et leurs célèbres bicyclettes hautes, ou le pacifique Danemark, où le roi se rend en séance à vélo.

En réalité, cet âge d’or de la pédale correspond aussi à sa défaite en ville. La voiture, devenue un objet de consommation, a su s’imposer sur le macadam, en reléguant le sympathique mais fragile vélo sur les chemins de traverse, malgré ses tentatives variées pour s’imposer.

Un rétropédalage s’impose : la vraie révolution du vélo s’opère au début du siècle. 1900 marque une révolution technique de la bicyclette : le vélo moderne est né, il est doté d’un cadre droit, de pneus et de roues libres. Comme l’affirmait Le Journal : la « petite reine d’hier » était alors devenue la « triomphante bécane » – le mot vient de l’argot des métallos – d’aujourd’hui.

L’avenir, c’est le vélo, malgré les quelques Cassandres qui, comme Le Tintamarre en 1893, prédisaient un avenir sombre au vélo en ville : 

« L'instabilité de l'équilibre fait de la bicyclette un instrument de pure acrobatie duquel il est absolument fou de persister à se servir au milieu de la foule de voitures et de ...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.