Chronique

Plein gaz ! Les championnes automobiles françaises des Années folles

le par

Charlotte Duvernoy et Violette Morris lors du rallye Paris-La Baule, Agence Rol, 1925 – source : RetroNews-BnF

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la féminisation de la conduite est exponentielle et encouragée. A l’instar d’un pays pionnier dans l’industrie automobile, les Françaises s’imposent lors de courses sportives et autres rallyes, devenant de véritables célébrités.

Tandis qu’en 1898 la duchesse d’Uzès eut l’honneur d’être la première Française à être verbalisée pour excès de vitesse, la pianiste Claire du Gast était rebaptisée par la presse « l’intrépide chauffeuse » pour ses périples automobiles jusqu’à Berlin en 1901. Mais elles n’étaient que des pionnières dans un monde d’hommes régnant sur quelques tacots.

Au lendemain d’une guerre industrielle qui transmua les ateliers d’antan en usines géantes, la voiture s’impose de plus en plus comme un bien de consommation et la conduite comme une activité désormais démocratisée. Puisque la guerre a fauché les hommes et que manquent cinq classes d’âge masculines, les Européennes occupent encore nombre d’emplois, y compris derrière un volant.

En Grande-Bretagne, la ville de Leicester vante en 1925 ses cours municipaux de conduite à destination de ses administrées. En France, la féminisation de la conduite est également exponentielle, en ville comme à la campagne. Le premier club automobile féminin est créé en 1925, sous la direction de l’omniprésente duchesse d’Uzès.

L’impertinent quotidien Bonsoir, s’interroge alors sur le faible nombre de « taxi girls » à Paris et pointe le sexisme de la profession. Car tout le monde ne voit pas d’un bon œil cette nouvelle génération de « chauffeuses » des Années folles. En novembre 1927 les représentants ouvriers et patronaux réunis au Conseil supérieur du travail se prononcent, à l'unanimité, pour l'interdiction des femmes comme conductrices de tramways, d’autobus et autocars.

Peine perdue, le fourgon de la misogynie roulait vers le garage de l’indifférence et L’Intransigeant s’extasiait de cette révolution culturelle en cours :

« Avec quelle rapidité les femmes ont pris du grade au volant, si l’on peut dire, c’est extraordinaire.

Il y a un an encore, on ne voyait guère, de conductrices féminines que dans des petits cabriolets, ou des torpédos de dimensions modestes. Aujourd'hui, les plus fortes voitures, celles qui, croyait-on, nécessitaient des bras d’acier, sont menées comme des jouets par de ‘faibles’ créatures qui semblent là tout naturellement et qui, d’ailleurs, semblent avoir une délicatesse de conduite très particulière ...

Cette admiration ne va pas jusqu’à souhaiter de tomber sous leurs roues, malgré tout redoutables... »

En effet, si l’on estimait que les femmes pouvaient être aussi bonnes conductrices que les hommes, restait cependant la croyance qu’elles ne pouvaient freiner aussi promptement, ce que l’industrie vint ...

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