Chronique

Dior, 1947 : le triomphe du « New Look » ?

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Manteaux et robes Dior dans Combat, 1947 – source : RetroNews-BnF

Au sortir de la guerre, un jeune couturier de l’avenue Montaigne rend les Américaines folles avec ses lignes dites « corolles » et ses tailleurs « bar ». Trop aimée, la maison Dior fait ressurgir une forme d’américanophobie dans les pages françaises.

Si l’année 1947 marque le début de la guerre froide, elle est avant tout synonyme, pour les fans de mode, d’une véritable révolution stylistique : le « New Look » de Christian Dior, fondé sur l’exaltation des formes féminines – taille de guêpe, buste en majesté, jupes évasées… – et l’usage dispendieux du tissu, après les restrictions du temps de guerre.

L’allure élégante et glamour de cette Parisienne revisitée allait influencer durablement la mode des années cinquante, des deux côtés de l’Atlantique. Un événement, donc, qui tire son nom de la remarque enthousiaste que fit, à l’issue du défilé du 12 février 1947, la rédactrice en chef du magazine américain Harper’s Bazaar Carmel Snow : « Dear Christian, your dresses have such a new look! » [Cher Christian, vos robes ont une allure tellement nouvelle !]

Un examen plus attentif de la presse française de l’époque montre pourtant que cette « révolution » s’est effectuée mezzo voce. À l’aube de cette année 1947, alors que les défilés printemps-été vont commencer dans un contexte de pénuries et de morosité économique, Dior fait certes figure d’espoir en vue, comme le rappelle France-Soir du 8 février 1947 :

« On attend la grande attraction, l’ouverture de la maison de Christian Dior, fils d’un ancien ministre du Commerce, qui s’installe avenue Montaigne, à son compte, après avoir été le dessinateur des robes de Piguet et de Lelong. »

Né en 1905, âgé de 42 ans, issu d’un milieu privilégié d’industriels normands – même si c’est en réalité son oncle, Lucien, et non son père, Maurice, qui fut ministre du Commerce de 1921 à 1924 – Christian Dior, d’abord amateur d’art et galeriste, s’est lancé dans le dessin de mode en 1935, en travaillant notamment pour le journal Le Figaro, qui présente régulièrement ses croquis (voir l’édition du 23 février 1939).

En 1938, il a été engag...

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