Écho de presse

Le stade Bergeyre, antre du football international à Paris

le 27/07/2021 par Histoires de Paris
le 23/03/2018 par Histoires de Paris - modifié le 27/07/2021
Photo de l'équipe de football du Stade français au stade Bergeyre, Paris, Agence Rol, 1923 - source : Gallica-BnF

Plus d’un mois avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris en 1924, la compétition de football commence. C’est le stade Bergeyre, près des Buttes-Chaumont, qui accueille le tournoi.

Le 5 juillet 1924, le président de la République Gaston Doumergue déclare l’ouverture des Jeux olympiques de Paris. C’est dans le grand stade parisien d’époque, à Colombes, qu’est édifié le stade olympique.

Cependant, plusieurs compétitions se déroulent quelques semaines  auparavant. Le tournoi de football commence notamment dès la fin du mois de mai. Le 30 mai 1924, dans sa rubrique « La journée olympique », L’Intransigeant rappelle ainsi les différents stades parisiens où ont lieu les rencontres :

« Pour aller aux stades [...]

On connait celui de Colombes [...].

Le stade Bergeyre est situé rue Bolivar et rue Manin, près des Buttes Chaumont (métro Bolivar ou Combat, autobus M, tramway Cours de Vincennes-Montrouge).

Le stade Pershing est dans le bois de Vincennes [...].

Le stade de Paris est situé rue de la Chapelle, à Saint Ouen. »

Construit sur un terrain acheté en 1914 par le Sporting Club de Vaugirard, le stade est inauguré en 1918, à l’issue de la Première Guerre mondiale. Le stade est baptisé en l'honneur du joueur de rugby Robert Bergeyre, disparu sur les champs de bataille au cours du conflit.

Au moment où les matchs ont lieu, la butte Bergeyre n’est pas encore urbanisée. On y trouve alors, à proximité du stade, le parc d’attraction des Folies Buttes. Entre la place du Combat et le parc des Buttes-Chaumont, les alentours du stade se construisent néanmoins progressivement.

L’équipe olympique de France joue son premier match de préparation de football au Stade Bergeyre des Buttes-Chaumont le 10 mai, contre la Hollande. L’Écho de Paris du lendemain commente, de manière lacunaire : « Hollandais et Français font match nul ».

Le 22 mai, l’équipe de France se produit une deuxième fois, contre l’équipe de West Ham, dans le stade flambant neuf. Le lendemain, L’Excelsior fait le compte-rendu de la rencontre :

« Hier, au stade Bergeyre, au cours d’un match brutal qui provoqua maints incidents, l’équipe olympique française de football battit par 2 buts à 1, l’équipe professionnelle anglaise de la West Ham United.

Un but de part et d’autre avait été marqué dans la première mi-temps. […]

Et ce fut l’arrière britannique qui, détournant mal un shoot, envoya le ballon dans ses filets. »

Le 28 mai 1924, la foule envahit le stade pour le match opposant l’équipe nationale de Suisse à la Tchécoslovaquie. Le Populaire du 29 mai rapporte :

« Plus de 15 000 spectateurs assistèrent à cette partie jouée par un temps estival.

Le premier but fut marqué après vingt minutes de jeu par le Tchécoslovaque Novak sur un pénalty.

La Suisse domina souvent au cours de cette première reprise, tenta sur la fin plusieurs attaques qui échouèrent par manque de cohésion.

En seconde mi-temps, ils parurent transformés et jouèrent avec cœur et vigueur. Sur la fin, Dietrich marqua un but pour la Suisse. Le match était nul, il fallut jouer deux prolongations de quinze minutes.

Elles ne donnèrent aucun résultat et ce fut match nul : 1 à 1. »

Les deux équipes se retrouvent pour la revanche deux jours plus tard, le 30 mai, aboutissant cette fois-ci sur la victoire de la Suisse.

Dans son édition du 1er juin, le Journal des débats politiques et littéraires, revient sur ce second match crucial :

« Le match décisif Suisse-Tchécoslovaquie a été joué hier devant une nombreuse assistance.

Les Tchèques se montrèrent une fois de plus excellents footballeurs, précis, puissants, au jeu d’équipe bien coordonné. Ils firent une belle démonstration de football mais ils furent néanmoins battus par 1 à 0 parce qu’ils ne surent jamais se résoudre à terminer rapidement une attaque. [...]

C’est ainsi que quatre minutes avant la fin, Lache, reprenant un centre de l’ailier gauche suisse, marqua un but avec facilité. »

De son côté, la France est éliminée du tournoi le 1er juin par une équipe uruguayenne rayonnante sur le score de 5 buts contre 1, en quarts de finale.

Le 3 juin, un quart de finale important se déroule au Stade Bergeyre. C’était un match très attendu, comme le signale L’Intransigeant du 2 juin : « Le match le plus attrayant et certainement le plus ouvert sera celui qui opposera au stade Bergeyre, l’Italie et la Suisse. »

Le 4 juin, Le Figaro rapporte : « Devant 10 000 spectateurs, hier, au stade Bergeyre, la Suisse a battu l’Italie par 2 buts à 1 ».

La fin de la compétition est accueillie au stade de Colombes, avec ses 40 000 places. La finale oppose l’Uruguay à la Suisse le 9 juin. C’est l’équipe américaine qui s’impose finalement sur le score final de 3 buts à 0.

Le stade Bergeyre ne survivra pas longtemps aux Jeux olympiques. En effet, à peine huit ans après son inauguration, son entretien nécessite de coûteux et nombreux travaux. Devant ce besoin de main-d’œuvre permanent, le stade est détruit deux ans à peine après les J.O., dans le courant de l’année 1926.

Aujourd’hui, seul le nom Bergeyre est resté : c’est à lui que l’on doit l’appellation de la butte – la butte Bergeyre – dans l’actuel 19e arrondissement.