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C'était à la une ! La traversée de la Manche par Louis Blériot

La lecture du jour évoque l'aventure de l'aviateur Louis Blériot lors de sa traversée de la Manche en 1909.
aviationLouis BlériotTraversée de la Manchepodcast

Ecrit par

RetroNews

Publié le

30 mars 2018

et modifié le 25 juillet 2023

La lecture du jour évoque l'aventure de l'aviateur Louis Blériot lors de sa traversée de la Manche en 1909.

En partenariat avec "La Fabrique de l'Histoire" sur France Culture

Cette semaine : « Comment j'ai traversé la Manche par Louis Blériot », Le Matin, 26 juillet 1909.

Lire aussi notre long-format :  La traversée de la Manche en 1909 par Louis Blériot

Retrouvez tous les épisodes de C'était à la Une !

Lecture par Daniel Kenigsberg et Elsa Dupuy

Réalisation : Séverine Cassar

« UN GRAND FRANÇAIS, BLÉRIOT, FRANCHIT LA MANCHE EN AÉROPLANE


Comment j'ai traversé la Manche ? Le fait est si simple que je renoncerais presque à le décrire, si étant aviateur ce matin je n'étais journaliste cet après-midi.

Le réveil fut pour moi quelque chose d'insupportable. Mon ami Alfred Leblanc, l'homme dévoué par excellence, m'avait réveillé à deux heures et demie. Je n'étais, je l'avoue, nullement disposé à partir. Je voyais les choses en noir et - ne le dites à personne - j'aurais été heureux d'entendre dire que le vent soufflait si fort qu'aucune tentative n'était possible.

Enfin, cela n'allait pas du tout. Leblanc me remonta un peu. Il m'emporta dans son auto. J'étais sauvé. L'air vif qui me fouetta le visage me réveilla tout à fait. J'eus un peu honte de mon mouvement de faiblesse. J'avais cette fois du courage pour deux.

Aux Baraques, Mamet et Colin, mes deux excellents collaborateurs, ont ouvert la tente. Le monoplan sort de la cour de la ferme. [...]

Tout est prêt. Fidèle au règlement, j'ai attendu le lever du soleil. Leblanc m'indique que le disque est apparent au moyen d'un fanion qu'il agite sur la dune. C'est le signal. Une petite émotion s'empare de moi au moment où je prends place dans l'appareil. Que va-t-il arriver ? Irai-je jusqu'à Douvres ?

Réflexions rapides qui ne durent pas. Je ne pense plus qu'à mon appareil, au moteur, à l'hélice. Tout est en mouvement, tout vibre. Au signal, les ouvriers lâchent l'appareil. Me voilà soulevé.

Je pique droit devant moi, m'élève progressivement de mètre en mètre je franchis la dune d'où Leblanc m'envoie ses souhaits. Je suis à présent au-dessus de la mer, laissant à ma droite le contre-torpilleur dont la fumée opaque obscurcit le soleil. Dieu ! si tout à coup on allait m'objecter que Phébus n'est pas au premier tiers de sa course !

Je vais, je vais tranquillement, sans aucune émotion, sans aucune impression réelle. Il me semble être en ballon. L'absence de tout vent me permet de ne faire agir aucune commande de gouvernail ou de gauchissement. Si je pouvais bloquer ces commandes, je pourrais mettre les deux mains dans les poches.

Il me semble ne pas aller vite. Cela tient, je crois, à l'uniformité de la mer. Au-dessus de la terre, les maisons, les bois, les routes apparaissent et disparaissent comme dans un rêve. Au-dessus de l'eau, la vague, la même vague, semble-t-il, se présente toujours à la vue.
Je suis content de mon appareil. Sa stabilité est parfaite. Et le moteur, quelle merveille ! Ah ! Mon brave Anzani, il ne bronche pas.

Mais j'ai mangé mon pain blanc dans la première demi-heure. Ne voulant pas retarder ma marche, j'avais fait mon deuil de l'Escopette. Tant pis. Advienne que pourra ! Pendant une dizaine de minutes, je suis resté seul, isolé, perdu au milieu de la mer immense, ne voyant aucun point à l'horizon, ne percevant aucun bateau. Ce calme, troublé seulement par le ronflement du moteur, fut un charme dangereux dont je me rendis fort bien compte. Aussi j'avais les yeux fixés sur le distributeur d'huile et sur le niveau de consommation d'essence.

Ces dix minutes me parurent longues et vraiment je fus heureux d'apercevoir vers l'est une ligne grise qui se détachait de la mer et qui grossissait à vue d’œil. Nul doute, c'était la côte anglaise. J'étais presque sauvé.
Je me dirige vers cette montagne blanche. Mais le vent et la brume me prennent. Je dois lutter avec mes mains, avec mes yeux. Mon appareil obéit docilement à ma pensée. Je le dirige vers la falaise, cependant que je ne vois plus Douvres. Ah ! diable ! où suis-je donc ?

Trois bateaux s'offrent à ma vue. Des remorqueurs, des paquebots ? Peu importe. Ils paraissent se diriger vers un port. Je les suis tranquillement [et] sur le sol un homme agite désespérément un drapeau tricolore. Je viens vers terre et j'aperçois le rédacteur du Matin, le bon Fontaine qui, seul dans la grande plaine, s'égosille. Ah ! le brave garçon !

Je veux atterrir ; le remous est violent. Dès que j'approche du sol, un tourbillon me soulève. Je ne puis rester plus longtemps dans les airs. Le vol avait duré trente-trois minutes ; c'était suffisant. Au risque de tout casser, je coupe l'allumage. Et maintenant, au petit bonheur ! Le châssis se reçoit un peu mal, il se casse un peu. Ma foi, tant pis. Je venais de traverser la Manche.

Louis Blériot »

 

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RetroNews
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