Écho de presse

Gertrude Ederle, la première « sirène » de la Manche

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Gertrude Ederle et son entraîneur Jabez Wolffe l’année de sa première traversée avortée de la Manche, Agence Rol, août 1925 - source : Gallica-BnF

À l’été 1926, une jeune Américaine devient la première femme à traverser le « Channel » à la nage. En battant, au passage, les temps de tous les hommes l’ayant précédée.

« Combien d'hommes en feraient autant ? », s'exclame, un jour de l'été 1923, le quotidien Le Gaulois en saluant un exploit accompli à New York par une jeune nageuse américaine, Gertrude Ederle, pas encore âgée de dix-huit ans.

Trois ans plus tard, celle-ci donne une nouvelle fois raison à ses admirateurs en devenant, le 6 août 1926, la première femme à traverser la Manche.

À 21h39, elle touche les côtes anglaises à Kingsdown, le corps recouvert d'une quadruple couche de graisse pour se réchauffer et revêtu d'un maillot orné de l'aigle américain. Elle est accueillie par les acclamations des spectateurs assemblés sur la plage recouverte de feux de joie, mais fait aussi l'objet des soupçons d'un douanier britannique tatillon, qui lui fait passer le traditionnel entretien d'arrivée sur le territoire et lui demande de repasser le lendemain… avec son passeport.

Non seulement Gertrude Ederle est devenue la première femme à accomplir cette performance mais, avec un temps de quatorze heures et trente-neuf minutes, elle fait mieux que les cinq hommes qui l'ont précédé en un demi-siècle, de près de deux heures pour le plus rapide d'entre eux. Pas si surprenant, néanmoins, au vu du profil de celle qui a remporté trois médailles (une d'or, deux de bronze) aux JO de Paris en 1924 et a également battu des records de vitesse entre New York et Sandy Hook, sur la côte est des États-Unis.

Elle n'en est pas à son premier essai. Dès l'été 1925, elle fait partie des cinq nageurs et nageuses qui se proposent de tenter, entre le cap Gris-Nez et les alentours de Douvres, cette traversée rendue complexe par les vents et les courants. Son entraîneur Jabez Wolffe a lui-même échoué plus d'une vingtaine de fois – et affiche désormais, écrit La Presse, « une certaine rotondité que l'aiguille sans pitié d'une bascule automatique à deux sous accuserait dans les environs de 160 kilos. Maintenant, il pourrait “flotter” sans crainte la traversée du “Channel” ».

Le 18 août 1925, son élève, après un entraînement à coups de longues marches et de sorties en mer plafonnées à trois heures, se lance lestée d'un copi...

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