Écho de presse

1924 : le rugby banni des Jeux olympiques après la « Corrida de Colombes »

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Carte postale illustrée par une photo du match France–États-Unis prise depuis les tribunes, 1924 - source : WikiCommons

Lors de la finale du tournoi olympique de rugby, en France, les États-Unis écrasent un XV de France pourtant favori. L’extrême violence sur et en-dehors du terrain fait hurler les commentateurs. La légende de la « corrida de Colombes » était née.

« Ce qui se fait de mieux sans couteau ni revolver. »

La phrase est restée dans les mémoires. Plus personne ne sait bien qui l’a prononcée, tantôt attribuée au capitaine de l’équipe de France de rugby des années 1920, Alphonse Jauréguy, tantôt au deuxième ligne franco-américain Allan Muhr. Mais elle est restée pour qualifier un match : France-États-Unis, finale du tournoi olympique le 19 mai 1924, au stade de Colombes.

Un match qui aurait été d’une telle violence que le rugby en aurait été retiré des Jeux Olympiques. Une bouillie d’os et de muscles, qui aurait écœuré les spectateurs et poussé le Comité olympique à jeter un voile sur ce sport. Une histoire qui a surtout sa part de légende.

L’ovalie n’a pas attendu ce match pour détonner aux côtés des anneaux olympiques. Dès le début, le mariage n’est pas d’amour. Dans le journal  d’extrême droite La Libre parole par exemple, l’ouverture du tournoi olympique, le 4 mai 1924, n’est mentionnée qu’en dernière page, dans un petit article.

« Ce sera à vrai dire une ouverture assez timide, car le tournoi de rugby n’a réuni que trois équipes ; seuls la France, les États-Unis et la Roumanie sont, en effet, représentés.

Ce tournoi sera ainsi loin d’offrir l’intérêt qu’il aurait présenté si la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Sud-Afrique [sic] avaient envoyé leurs équipes représentatives. »

Ainsi, la France est la seule équipe reconnue sur la scène internationale de rugby – ou de « football rugby, comme on l’appelle alors. La plupart des grandes nations refusent d’envoyer leurs joueurs puisque le tournoi tombe en pleine période de repos. Le rugby est alors un simple « sport d’hiver ».

Représentants du pays hôte, les Bleus (qui arborent un maillot blanc, brodé du coq) participent et font figure de grands favoris. À l’heure de rencontrer, le 4 mai, la Roumanie, ni inquiétude, ni excitation ne font frissonner les amateurs. Plusieurs joueurs de Roumanie sont d’ailleurs connus des franciliens, puisqu’ils jouent dans des équipes de troisième,  voire de quatrième division.

Sans surprise, la France écrase, 61 à 3, cette équipe inexpérimentée. Le Petit Journal écrit le sentiment dominant, dans son compte-rendu du lendemain, d’un match « sans intérêt ...

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