Écho de presse

« Meurtrières, élitistes, pestilentielles » : la presse contre les automobiles

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"L'accident de Pompignac : terrible collision d'automobiles", Le Petit Journal, supplément du dimanche, 1907 - source : RetroNews-BnF

Réservée à l'origine à une clientèle très fortunée, l'automobile est l'objet de violentes critiques entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe. Ses adversaires lui reprochent notamment sa fâcheuse tendance à écraser les piétons non consentants...

À la toute fin du XIXe siècle, l'automobile est un engin rare, mais qui commence à faire partie intégrante du paysage européen. La France, avec la Panhard & Lavassor Type A ou les premiers modèles de Renault et de Peugeot, est à la pointe de cette industrie. En 1898 a lieu au jardin des Tuileries l'Exposition internationale automobile, avec 269 exposants, une manifestation qui suscite un fort engouement populaire.

Prodige technologique, mais aussi objet de luxe réservé à une petite élite fortunée, la voiture motorisée va toutefois faire l'objet de nombreuses critiques et résistances, toutes abondamment relayées par la presse de la Belle Époque.

Le 22 juin 1898, La Dépêche publie par exemple un réquisitoire contre le supposé envahissement de la capitale par les automobiles. « Paris devient inhabitable », écrit le rédacteur, qui liste les innombrables défauts de cet engin : disgracieux, bruyant, pestilentiel, et surtout incroyablement dangereux pour les piétons. Ce dernier point est un leitmotiv que l'on retrouve dans des dizaines d'articles de l'époque.

« Contre les omnibus et les fiacres, contre les tramways électriques, formidables engins, même contre la bicyclette sournoise, par beaucoup d'adresse et de sang-froid, le piéton se défendait encore. Mais, contre l'automobile, il y doit renoncer. Et ne dites point que la chose n'intéresse pas la province, puisque l'automobile n'y sévit guère. Patience ! la province, à l'instar de Paris, aura son tour. Elle ne perdra rien pour attendre.

Donc, à Paris, plus favorisés, nous avons déjà dans les rues des locomotives roulant à toute vitesse. C'est une observation digne d'intérêt que, sur le parcours des trains, en rase campagne, presque déserte, les accidents soient prévenus au moyen de barrières inte...

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