Interview

Visions et mythes des femmes sportives dans les Années Folles

le par

Aux Olympiades de natation, les nageuses Ethelda Bleibtrey et Suzanne Wurth, Agence Rol, 1920 - source : Gallica-BnF

Au tournant des années 1920, le sport existe désormais en tant qu’activité médiatique et les championnes connaissent une popularité sans précédent. En étudiant livres et critiques de cette époque, l’historien Thomas Bauer s’est intéressé à l’émergence d’une nouvelle féminité.

Situé au carrefour de l'histoire du sport, des femmes et de la littérature, le travail de recherche « La sportive dans la littérature française des Années Folles » de Thomas Bauer permet de redécouvrir l'esprit d’ouverture des Années Folles au moment où le sport féminin connaît une popularité sans précédent, conséquence directe de la création d'un grand nombre d’associations sportives féminines.

Toute une génération d'écrivains s'intéresse alors aux femmes sportives, décrivant des personnages d'athlète, de tenniswoman, de skieuse, de footballeuse voire de boxeuse. En identifiant les représentations sociales et les stéréotypes masculins et féminins dans la littérature, Thomas Bauer analyse la manière dont les performances sportives féminines sont perçues.

Propos recueillis par Mazarine Vertanessian

RetroNews : Pour commencer, quels sont les sports que les femmes pratiquent à la fin du XIXe siècle et à la Belle Époque ?

Thomas Bauer : Avant les Années Folles, les femmes pratiquent un peu de sport comme le golf, l’équitation ou la danse. On sait qu’il y a eu des femmes alpinistes dès les années 1870 et 1880. Les femmes de la haute société doivent alors pratiquer des sports qui ne mettent pas en difficulté l'élégance féminine, c’est important de le souligner. En revanche, les rurales pratiquent des sports assez « virils ». On sait qu’à la Belle Époque, dans les fêtes traditionnelles, des défis entre paysans étaient lancés pour savoir qui étaient les plus forts via des jeux de lancers, des tirs, des courses. Il s’agissait d’épreuves un peu athlétiques, de force, et certaines femmes n’en étaient pas exclues.

Pourquoi cette division genrée va-t-elle s’estomper à compter des années 1920 ?

Les Années Folles vont être une forme de libération des mœurs, une libération corporelle. C’est un pas en avant considérable. Avec la Première Guerre mondiale, les femmes vont gagner leur indépendance, gagner de l’argent et veulent être libres de leurs corps....

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