Titre de presse

Le Populaire

Journal-revue hebdomadaire de propagande socialiste et internationaliste
1 mai 1916 - 28 février 1970
Titre de presse

Le Populaire

Journal-revue hebdomadaire de propagande socialiste et internationaliste
1 mai 1916 - 28 février 1970
11 avril 1918
Paris (France)
7 078
 
25 novembre 1944
information générale
illustrée
Quotidien

Les Unes emblématiques de ce titre de presse

En plein premier conflit mondial nait, sous l’impulsion de Jean Longuet, l’un des journaux les plus emblématiques de la gauche française : Le Populaire. En 1927, Léon Blum prend la tête de la rubrique politique ; dès lors, de grandes personnalités du socialisme français se succèdent parmi les collaborateurs. De 1940 à 1944, le journal continue de paraître, de façon clandestine, dans la zone sud. À la Libération, il jouit d'une popularité exacerbée par le succès politique de la SFIO. Le journal disparait définitivement en 1970.

D’obédience socialiste internationaliste, Le Populaire devint rapidement l'« organe officiel du Parti Socialiste SFIO » et son quotidien attitré en 1927. Léon Blum prit la tête de la direction politique et de grandes personnalités du socialisme figurèrent parmi les collaborateurs à l’instar d’Henri Barbusse, Romain-Rolland, ou encore Adéodat Compère-Morel. Le journal connut d'importantes difficultés financières avant d’être rétabli en 1927. Le Populaire préféra se saborder lors de la défaite de 1940 mais il reparut très vite de façon clandestine dans la zone sud jusqu'en août 1944. À la Libération, le journal jouit d'une popularité exacerbée par le succès politique de la SFIO. De courte durée. Les ventes déclinent, la concurrence se fait rude et le journal disparait le 28 février 1970.

Le 1er mai 1916, le député de Limoges Adrien Pressemane publie en supplément du journal socialiste Le Populaire du centre – créé en 1905 par Pierre Bertrand et Léon Betoulle – un hebdomadaire intitulé Le Populaire. Jean Longuet délocalise très rapidement les bureaux de la rédaction à Paris et en fait un quotidien du matin en juillet 1917, puis du soir le 11 avril 1918. Paul Faure est nommé rédacteur en chef, la direction littéraire est confiée à Henri Barbusse et Romain Rolland y publie de nombreux papiers. Moins d’un an après son lancement, le tirage s’élève à 11 000 exemplaires puis gagne en popularité au fil des ans. En 1919, les ventes atteignent les 35 000 exemplaires, des chiffres portés à la hausse grâce à l'organisation d'une fête du quotidien le 10 août 1919 à Garches – l'ancêtre des fêtes de l'Humanité. Relativement hostile à Clémenceau, le journal réitère sa fidélité à l'esprit de Kienthal et l'expose dès le premier numéro « Nous pensons que le meilleur moyen d'aboutir à un règlement de justice, c'est précisément que les discussions s'ouvrent le plus tôt possible entre les prolétaires de tous les pays, comme elles s'ouvriront forcément, un jour plus ou moins lointain, entre les diplomates de tous les pays ». 

 Lors de la grève des typographes du 12 au 28 novembre 1919, le journal paraît sous l’intitulé La Feuille Commune aux côtés entres autres de L’Humanité, Bonsoir, La France Libre ou encore La Bataille.

Malgré son allégeance au parti et ses faveurs à l'Internationale communiste, cette dernière se montre plutôt réticente et réservée sur la conduite des principaux journaux français de gauche qu’elle n’hésite pas à fustiger dans sa « Lettre à tous les membres du parti socialiste française, à tous les prolétaires conscients de France » datée du 20 juillet 1920:

 « Vos quotidiens, et en première ligne L'Humanité et Le Populaire, ne sont pas des feuilles prolétariennes révolutionnaires, car nous n’y voyons pas de propagande suivie en faveur de la révolution prolétarienne…. Vos organes ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux de la bourgeoisie française ».

Cependant c’est le congrès de Tours qui marque le début des inimitiés avec L’Humanité et la scission d’une frange communiste. En dehors de la SFIO et de son évolution, le journal n’aborde que très peu les informations généralistes. Si le parti parvenait à asseoir ses idéaux au sein d’un large électorat et de nombreux militants, il avait encore du mal à s’implanter à Paris qui lui préférait alors le parti communiste et L’Humanité. Dès lors Le Populaire ne pouvait guère compter sur les ventes militantes.

Le congrès imposa une scission d’avec les communistes, dès lors l’équipe de rédaction parmi lesquels se trouvent Léon Blum, Jean Longuet ou encore Compère-Morel, s’efforca de rédiger un journal capable de séduire les anciens du parti et de s’attirer les sympathies du monde ouvrier et d’une petite bourgeoisie éminemment séduite par les aspirations prolétariennes. Mais les difficultés s'accumulent. Lors de la tenue de l'assemblée du parti le 3 mars 1921, il est décidé par 1270 voix contre 257, de procéder à la liquidation de l'ancienne société pour refonder le journal sous l'égide de la SFIO Le Populaire devient un quotidien du matin dès le 8 avril 1921. Pour mieux concurrencer l'Humanité.

Maigre résultat. Le nombre d’abonnés reste relativement faible, 63 000 en 1923. L’arrivée du Quotidien lui inflige une sévère concurrence – déjà accrue par la présence des journaux socialistes locaux. En outre, l’effort de propagande déployé lors des élections de mai 1924 a vidé une bonne partie des caisses du parti. Le journal devient bimensuel à partir du 15 juin 1924.

A l'époque, la grande majortié des partis politiques disposent de leur propre quotidien. Si la SFIO est évidemment relié au journal, les liens entre les deux manquent cruellement d'hardiesse et demeurent encore trop faibles pour exercer une réelle pression. Pour palier à cette absence et raviver un journal devenu lymphatique, le Congrès de 1926 décide de relancer la publication en injectant près de 400 000 francs dans la publication. Le Populaire reparait quotidennement à compter du 22 janvier 1927.

L’initiative porte ses fruits puisque le tirage passe de 50 000 exemplaires en 1927 à 120 000 en 1933. En 1936, le quotidien est à son apogée, l’on recense près de 300 000 exemplaires avant de retomber à 160 000 exemplaires en 1939.

Néanmoins, les différends s'amoncèlent toujours plus entre L’Humanité et Le Populaire. Non seulement les deux journaux ont pris des positions divergentes mais ils n’hésitent pas à se livrer à des hostilités commerciales. Lors du passage des journaux à 40 centimes en 1937, L’Humanité a simplement refusé d’appliquer ladite mesure pendant trois mois afin de concurrencer son adversaire et accroître son audience, provoquant l’ire de son confrère.

 À l’instar de nombreux autres quotidiens, le journal se saborde lors de la défaite de 1940. Sous l'Occupation, le journal parait clandestinement grâce au Comité d'Action Socialiste (CAS) – fondé par Daniel Mayer en 1905 – qui se dote d'un organe Socialisme et Liberté et devient en 1942 Le Populaire clandestin principalement distribué dans la zone sud. Acteur majeur de la résistance dans cette même zone, Marcel Bidoux se charge de la rédaction, de l'impression et de la dffusion de nombreux journaux illégaux parmi lesquels Le Populaire. Dès octobre 1942, l'on y dénonce le « Martyre des juifs » et appelle au sabotage et à la désobéissance.

 

Le journal jouit d’une immense renommée à la Libération mais plus encore lors du point d’orgue politique de la SFIO de l’été 44 à 1946. Il devient de facto l’un des titres phares de Paris et se targue d’un tirage estimé à 263 000 exemplaires à la fin du mois de septembre 1944. L'année suivante, les ventes baissent légèrement et passent à 235 000 exemplaires, derrière L’Humanité et ses 326 000 tirages.

À l’aube du tripartisme, le journal faiblit et ses ambitions sombrent dans une confusion toujours plus manifeste. La mort de Léon Blum en 1950 parachève le déclin d'un journal déjà chancelant. En 1958 les ventes s’élèvent péniblement à 13 500 exemplaires. Le Populaire est ébranlé. Suspendu le 24 décembre 1969, il reparait du 6 janvier au 28 février 1972. Dans un anonymat quasi-total.