Écho de presse

Villiers de l'Isle-Adam, vie et mort d'un conteur cruel

le par

Illustration de plusieurs « poètes maudits », dont Auguste Villiers de l'Isle Adam, 1888 - source : Gallica-BnF

Entre satire sociale et récit fantastique, les « contes cruels » qu'Auguste de Villiers de l'Isle-Adam publia dans la presse des années 1880 l'imposèrent comme le digne descendant d'Edgar Poe, puis comme le père du symbolisme.

Dramaturge, poète, nouvelliste et romancier, Auguste de Villiers de l'Isle-Adam (1838-1889) est sans doute l'un des écrivains français les plus originaux de la fin du XIXe siècle. Estimé de ses pairs Stéphane Mallarmé, Léon Bloy ou J.-K. Huysmans, cet extraordinaire conteur n'accéda pourtant pas, de son vivant, à la gloire.

 

Aujourd'hui encore, ses Contes cruels (1883), recueil où s'impose son talent pour le grotesque, le macabre et la satire sociale, comme son roman L'Ève future (1886), œuvre fondatrice de la science-fiction, demeurent relativement méconnus du grand public.

 

Le 22 août 1880, La Presse publiait ce portrait de lui :

« Définir Villiers de l'Isle-Adam, c'est impossible, on n'y tâche même pas ; mais en parler est toujours amusant. Cet auteur, souvent et longtemps incompris, est bien le type de littérateur le plus singulier de notre époque, en en exceptant Barbey d'Aurevilly, qui, en fait d'étrangeté, prime tout.

 

Villiers doit avoir de trente-cinq à trente-six ans ; il est petit, généralement voûté ; en outre, il penche la tête en avant. Il a l'aspect timide et un sourire à la fois presque enfantin, et un peu fou [...]. Quand Villiers entre, on ne le voit pas ; il salue les dames en se baissant ; quant aux hommes, c'est lui qui ne les voit pas ; puis il va s'asseoir en un coin et s'absorbe dans ses rêveries jusqu'au moment où un incident l'amène à raconter une histoire.

 

Alors il s'approche d'une femme, généralement de la plus jeune et de la plus jolie, et commence à voix basse, d'une voix molle qui semble flotter entre le plancher et le plafond. Puis, petit à petit, il s'anime, se redresse, quitte son siège et se met à marcher en parlant.

 

Si on ne l'arrêtait pas brutalement, cela pourrait durer cinq heures. »

Né à Saint-Brieuc, en Bretagne, Auguste, comte de Villiers de l'Isle-Adam, avait beau être issu d'une famille prestigieuse, il vécut dans le dénuement. Marqué par la lecture de Flaubert, de Baudelaire et d'Edgar Poe, il écrivit toute sa vie, publiant ses récits dans la presse, d'abord dans des revues confidentielles, puis, à partir des années 1880, dans certains des plus grands journaux nati...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.