Écho de presse

Ernest Hello, un écrivain mystique perdu en plein XIXe siècle

le par

Portrait d'Ernest Hello appartenant à son ami Léon Bloy et datant de 1879, La Croix, 1922 - source : RetroNews-BnF

Ignoré de son vivant, devenu un auteur culte pour une poignée de lecteurs avertis tout au long du siècle suivant, le génial écrivain catholique demeure encore aujourd’hui un mystère. Qu’a bien pu dire la presse de cet étrange mage retranché dans son manoir breton ?

Considéré comme un illuminé par les catholiques de son temps et largement ignoré par les autres, peu ont reconnu le travail – de même que la « grandeur d’âme » – de l’écrivain et apologiste chrétien Ernest Hello (1828-1885) de son vivant.

Né et mort à Lorient à l'âge de 56 ans, la vie d’Hello a d'abord été marquée par une trajectoire imposée par son père, riche avocat libéral et anticlérical. Ses études de droit et de théologie le conduisent à Rennes puis à Paris, et c'est justement en suivant les séminaires de l'église du Saint-Sulpice (et les sermons du père Lacordaire) qu'il comprend que sa vocation n'est pas du côté des tribunaux mais, plutôt, de celui des cieux.

C'est décidé, sa croyance sera libératrice, sa mission une joie et la fatalité sera son ennemie. Le jour où Hello a basculé nous est raconté dans le grand quotidien catholique et conservateur La Croix, le 23 mai 1896, soit plus de dix ans après son décès :

« Celui qui devait être le grand penseur et le grand mystique, Ernest Hello, venait d'être reçu avocat et se disposait à suivre cette carrière. Mais à peine a-t-il acheté sa robe, qu'il va la déposer aux pieds de son père, en disant :

“Je ne la porterai plus, j'en prends ici l'engagement irrévocable. Je sors de la conférence. On y a posé la question de savoir si un avocat, connaissant l'injustice d'une cause, peut la défendre en conscience. Ils ont voté l'affirmative. Ils ne me compteront pas parmi eux !”

La vérité ne cessa d'être la grande passion, la joie de la vie de Hello.

“La vérité, a-t-il écrit, mais c'est elle qui est la béatitude.” »

Romantique engagé en faveur de « l’Unité et la Vérité », fervent disciple de  l’écrivain et homme politique contre-révolutionnaire Joseph de Maistre, amateur de Pascal et d'Alfred de Musset, Hello publie son premier essai chez Victor Palmé (à qui il restera fidèle) à l'âge de 31 ans, M. Renan, l'Allemagne et l'athéisme au XIXe siècle (1859).

Il profite de cette thèse de fin d'études pour critiquer Hegel (à qui il préfère de loin l'harmonie d'un Goethe), questionner la foi de son homologue breton Ernest Renan et passe d'entrée auprès de ses confrères pour une sorte de prophète zélé. Marié à Zoé Bertier (écrivaine de contes sous le pseudonyme de Jean Lander), il co-fonde la revue Le Croisé, dans laquelle il écrit de 1859 à 1861...

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