Écho de presse

« Chez les morts-vivants d’Hiroshima » : le bombardement par ceux qui ont survécu

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"Chez les morts-vivants d'Hiroshima", reportage de John Hersey, France-Soir, 14 septembre 1946 - source RetroNews BnF

Dans un article au retentissement immense, le New Yorker relate à l’été 1946 l’enfer vécu par six rescapés du bombardement atomique d’Hiroshima. Un récit-fleuve bouleversant traduit en septembre de la même année par France-Soir.

« Chez les morts-vivants d’Hiroshima» : difficile de faire titre plus explicite pour le reportage dont France-Soir commence la publication le 10 septembre 1946. C’est-à-dire un peu plus d’un an après l’explosion de la bombe atomique lâchée par les Américains sur la ville japonaise, le 6 août 1945.

Publié en seize parties tout au long du mois de septembre, ce récit fleuve de 31 000 mots est en réalité traduit de l’anglais. Son auteur : le journaliste et écrivain états-unien John Hersey, prix Pulitzer du roman en 1944. Sous le simple titre de Hiroshima, son reportage a été publié en août dans un numéro du New Yorker qui lui était entièrement consacré :

« John Hersey a vécu de longues semaines à Hiroshima. Il a partagé la vie des habitants de la cité sinistrée et en a suivi six d’entre eux dans le cours de leur existence quotidienne, afin de savoir et de faire savoir quelles étaient les répercussions profondes et à longue échéance du choc atomique.

Ce reportage a produit une immense impression aux États-Unis. En quelques heures les 300 000 exemplaires du 'New Yorker' furent arrachés. »

En effet, le reportage a eu un retentissement considérable outre-Atlantique. Avec lui, les Américains ont découvert la violence absolue de la bombe atomique, racontée du point de vue de celles et ceux qui lui ont survécu.

Dans son article, Hersey choisit de se focaliser sur six rescapés de la bombe d’Hiroshima. « Cent mille personnes ont été tuées par la bombe, écrit-il, et ces deux femmes et ces quatre hommes ont été parmi les survivants. Ils se demandent pourquoi ils ont vécu, quand tant d'autres sont morts. » A partir de leurs témoignages (il les a rencontrés en mai 1946), il construit un récit choral qui commence avec l’explosion, à 8h16, et se poursuit avec les heures de désolation qui l’ont suivie.

Le texte raconte d’abord l’histoire du révérend Kiyoshi Tanimoto, pasteur de l’Eglise méthodiste d’Hiroshima. Le matin du 6 août, il aide un voisin à mettre à l’abri ses meubles.

« On n’entendait dans le ciel aucun ronflement de moteur. La mâtinée était calme. L’endroit était frais et agréable. Soudain, une lueur fantastique traversa le ciel [...]. M. Tanimoto se souvient distinctement que la lueur se dirigeait de l’est vers l’ouest, de la ville vers les collines. On aurait dit une nappe de soleil [...].

M. Tanimoto fit trois ou quatre pas et se jeta à terre entre deux gros rocs du jardin. Il se ...

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