Écho de presse

1936 : Saint-Exupéry reporter dans « l'Espagne ensanglantée »

le par

Antoine de Saint-Exupéry en Espagne (centre), Paris-Soir, 3 juillet 1937 - source RetroNews BnF

En 1936 et 1937, Antoine de Saint-Exupéry part couvrir la guerre d'Espagne. Il en ramène une série de reportages dénués de passion partisane, dans lesquels il décrit avec force toute l'horreur des combats.

Août 1936. La guerre civile espagnole a éclaté un mois plus tôt : tous les journaux français tournent leur regard en direction de la péninsule ibérique. Parmi eux, le quotidien d'orientation centriste L'Intransigeant décide d'envoyer sur place Antoine de Saint-Exupéry.

 

L'écrivain (1900-1944) s'est rendu célèbre en 1931 avec son roman Vol de nuit (Le Petit prince ne paraîtra qu'en 1943). Il est aussi une plume reconnue dans la presse de l'entre-deux guerres, son reportage en U.R.S.S. et le récit de son raid aérien manqué en 1935 ayant déjà attiré l'attention des lecteurs.

 

Ses reportages en Espagne paraissent dans L'Intransigeant du 12 au 19 août 1936. Dans son premier article, Saint-Exupéry raconte son survol de Perpignan puis des Pyrénées, et son arrivée dans l'« Espagne ensanglantée ». Dans tous ses reportages, une constante : l'écrivain ne prend parti ni pour le camp nationaliste, ni pour le camp républicain. Il se contente de faire ressentir l'horreur et l'absurdité de la guerre.

« Voici l'Espagne et Figueras. Ici l'on se tue. Ah ! Le plus étonnant n'est point que l'on découvre l'incendie et la ruine, et les signes de la détresse des hommes, mais bien que l'on ne découvre rien de semblable. Cette ville ressemble à l'autre [Perpignan] [...].

 

Ce visage-là ne changera plus guère. Il est déjà vieux. Et je me dis qu'une colonie d'abeilles, sa ruche ainsi une fois bâtie au sein d'un hectare de fleurs, connaîtrait la paix. Mais la paix n'est point accordée aux colonies d'hommes. »

Puis c'est l'arrivée à Barcelone, tenue par les anarchistes de la FAI (Fédération anarchiste ibérique), qui ont disposé des barricades partout dans la ville. Saint-Exupéry raconte l'ambiance qui règne dans la cité catalane. Le portrait qu'il brosse des anarchistes n'est guère reluisant :

« J’ai pris hier quelques photographies de notre garnison – chaque hôtel abrite la ...

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