Interview

« Napoléon pensait que son pouvoir ne pouvait reposer que sur la force »

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Bonaparte sur son cheval blanc, estampe de George Cruikshank, 1823 - source : Galica-BnF

Le politologue Gérard Grunberg revient sur le souvenir laissé par Bonaparte dans le roman national français, et le compare avec la réalité du règne guerrier de celui que l’on a fini par appeler « l’Ogre ».

Exercice pour le moins autoritaire du pouvoir, rétablissement de l'esclavage, hécatombe de la jeunesse française des débuts du XIXe siècle sur les champs de bataille européens... A l'heure du bicentenaire de la mort de l'Empereur, les critiques vont bon train. La légende napoléonienne peut-elle encore se résumer, au sein du « roman national », à la trace lumineuse que le vainqueur d'Austerlitz aurait laissée dans l'Histoire ?

Gérard Grunberg est politologue, directeur de recherche émérite au CNRS, professeur à Sciences-Po, chercheur au Centre d'études européennes et de politique comparée de Sciences-Po, et ancien conseiller de Michel Rocard lors de son passage à Matignon. On lui doit notamment Le Noir génie de Napoléon, paru en 2015 aux éditions du CNRS.

Propos recueillis par Arnaud Pagès

RetroNews : Napoléon est bien volontiers qualifié de « boucher de l'Europe ». Pour autant, la France était attaquée de toutes parts lorsqu'il est arrivé au pouvoir. Et, tout au long de son règne, il a dû affronter plusieurs coalitions qui voulaient rétablir la royauté... Finalement, ce surnom est-il justifié ?

Gérard Grunberg : Ce surnom est tout à fait justifié. Il est fidèle à la réalité. Georges Lefèvre, un historien spécialiste de la Révolution française, disait que l'ambition de Napoléon n'avait pas de but final. Elle ne connaissait pas de limite. C'était, d'abord et avant tout, un conquérant et un aventurier.

A partir de 1805, juste après le triomphe d'Austerlitz, Talleyrand comprend, et la suite lui donnera raison, que Napoléon ne s'arrêtera jamais. Il n'a pas de diplomatie. Il n'a pas l'idée du type d'équilibre qu'il serait possible d'instaurer entre les ...

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