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Interview

Iran-Israël-USA : l’histoire d’une paix impossible

Il y a quarante ans, l’Iran, Israël et les États-Unis étaient des pays alliés. Comment la Révolution iranienne a-t-elle radicalement changé la donne ? De 1979 à nos jours, le documentaire La Longue guerre relie les événements majeurs qui permettent de comprendre l’évolution des relations entre ces trois pays, tissant le récit d’une paix impossible. Conversation avec le coréalisateur Vincent de Cointet. 

Proche-OrientIranÉtats-UnisIsraëlLibanPalestinehistoire contemporaine
VdC

Avec

Vincent de Cointet

Vincent de Cointet est réalisateur documentariste. Il est le coréalisateur avec Ilan Ziv de La Longue guerre (2021), paru en DVD chez Arte éditions.

Marina Bellot

Propos recueillis par

Marina Bellot

Publié le

16 juillet 2025

et modifié le 16 juillet 2025

Image de couverture

Un révolutionnaire iranien blessé lors des manifestations contre le régime du Shah, 1978 - source : WikiCommons

RetroNews : Vous faites remonter l’origine de l’affrontement au 1er février 1979. En quoi est-ce un moment-clé ? 

Vincent de Cointet : Ce qu’il faut comprendre, c’est que, sous le régime du Shah, les États-Unis comme Israël étaient très proches de l’Iran. Le changement de régime, avec l’arrivée au pouvoir de la République islamique, va entraîner une recomposition des relations qui va tout chambouler. 

Deux moments sont cruciaux à cet égard. D’abord le retour de l’ayatollah Khomeiny à Téhéran, dans un avion d’Air France, le 1er février 1979, suite au départ du shah Mohammad Reza Pahlavi qui régnait sur l'Iran depuis 1941. Après 15 ans d’exil, Khomeiny est accueilli par une foule en liesse. La République islamique qu’il instaurera fera le ménage pour s'installer définitivement, en emprisonnant, exilant et tuant tous les opposants au régime. Puis ce que l’on appellera la crise des otages va solder définitivement les relations entre les États-Unis et l’Iran : du 4 novembre 1979 au 20 janvier 1981, cinquante-deux diplomates et civils américains sont retenus en otage par des étudiants iraniens dans l'ambassade des États-Unis à Téhéran. 

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Quel rôle a joué la guerre du Liban, en 1982, dans la formation des relations hostiles entre l'Iran et Israël ?

1982 est une année fondamentale, un moment complexe qui permet de comprendre ce qui va suivre. En 1982, Israël envahit le Liban, avec pour objectif d’en chasser les Palestiniens et de faire de ce pays multiconfessionnel un allié sous domination chrétienne. Surtout, Israël entend mettre un terme aux tirs de roquettes et autres armes terrorisant le nord d'Israël et espère nouer une alliance avec le président syrien Béchir Gemayel, défenseur de la minorité chrétienne.

Cette invasion va coïncider avec la création de ce qu’on appellera plus tard le Hezbollah, fruit de la volonté de la communauté chiite libanaise, qui entend ainsi s'opposer à l'invasion de son pays, et de l’Iran, qui va accompagner la construction de ce mouvement.

Le Hezbollah, création libano-iranienne, va devenir un outil politico-militaire dans les mains de l’Iran. Au Liban, il va s’imposer comme un mouvement politique et social, soutenu par une grande partie de la communauté chiite. 

C’est la naissance de « l’axe de la résistance », alliance anti-impérialiste visant à résister à la fois aux États-Unis et à Israël. Il rassemble la république islamique d’Iran, l’acteur libano-iranien le Hezbollah, et la Syrie de Hafez el Assad, revendiqué comme sous-secte du chiisme, qui entend asseoir l’alliance avec l’Iran. Plus tard, le Hamas, mouvement pourtant sunnite, s’y ralliera lui aussi.

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En quoi l’attentat-suicide commis par Ahmad Kassir au Liban en 1982 constitue-t-il un événement majeur de l’histoire récente du Moyen-Orient ?

Entre manque de renseignements et mauvaise compréhension du terrain, Israël n’a absolument pas vu venir cet attentat commis au sud Liban. Plus largement, le pouvoir israélien n’a pas compris ce qui se jouait au sein de la communauté chiite libanaise, pas plus qu’il n’a réalisé l’importance du Hezbollah. Obnubilé par les Palestiniens, qu’il considérait comme son ennemi n°1, il n’a pas vu dans la naissance du Hezbollah l’émergence d’un nouvel ennemi.

L’attentat de Kassir marque le début de l’ère des attentats suicides, nouvelle arme de fait très compliquée à anticiper.

Six mois plus tard, une autre attaque suicide a lieu sur deux fronts. D'abord, un camion explose près du quartier général des forces américaines situé au cœur de l'aéroport de Beyrouth. La déflagration fait 241 morts, des Marines pour la plupart, ainsi qu'une soixantaine de blessés. Quelques minutes plus tard, un immeuble abritant des troupes françaises, le « Drakkar », est la cible d'un attentat à l'explosif qui fait 58 morts et une quinzaine de blessés. L’Iran est très certainement derrière ces attaques. Le Liban va dès lors devenir un terrain d’affrontement aux mains de puissances étrangères.

Quelles conséquences l’attaque de l’Irak en Iran a-t-elle eues sur les relations entre l'Iran, Israël et les États-Unis ? 

L’invasion irakienne de l’Iran en 1980 marque le début d’une guerre terrible. 

Pour défendre leur pays, les Iraniens vont massivement soutenir la jeune République islamique. En 1991, après plus de dix ans de conflit, le président George H. W. Bush s’emploiera à bâtir un monde unipolaire, moins menaçant pour les intérêts américains. La résolution du conflit entre Israël et ses voisins arabes sera un passage obligé pour ses ambitions.

En octobre, Bush organise avec le concours de l'URSS la conférence de Madrid, réunissant Israël et les pays arabes, dont la Syrie, la Jordanie, le Liban et les Palestiniens. Le grand absent est l’Iran, non invité, dont chacun veut neutraliser l'influence croissante.

De son côté, la République islamique organise un front du refus face à Israël et aux États-Unis. Elle soutient les organisations palestiniennes comme le Hamas et le Jihad islamique, appelant à l'action l'ensemble de ses alliés. En secret, elle se prépare à se doter de l'arme nucléaire. 

Quelles implications l'accord nucléaire de 2015 entre l'Iran et les puissances mondiales, notamment les États-Unis, a-t-il eu sur les relations avec Israël ? 

Il est essentiel de bien comprendre ce qui s’est joué lors de ces négociations, et notamment les jeux de pouvoir en Israël. Totalement opposé à ces négociations, Netanyahu a toujours considéré que la possibilité, même lointaine, que l'Iran se dote de l’arme nucléaire constituait un risque existentiel pour Israël.

Au moment des négociations entre le Conseil de sécurité et l’Iran, Netanyahu veut mener une campagne de frappes aériennes contre les installations nucléaires iraniennes. Or le pouvoir israélien est à l’époque beaucoup plus nuancé qu’aujourd’hui, et l’armée et les services de renseignement s’opposent à ces frappes. Quant aux États-Unis d’Obama, ils y sont évidemment également opposés. 

Cet accord va être négocié et signé en 2015, et accueilli par la population iranienne avec énormément d’espoir car il est synonyme de levée des sanctions. 

Sa dénonciation en 2018 va être vécue par l'Iran comme une trahison. Ce qui avait été construit petit à petit va se déconstruire très rapidement : en se retirant de l’accord sur le nucléaire, le président américain Donald Trump va favoriser le clan des ultras au sein du régime iranien. Les Iraniens vont dès lors se sentir menacés, d’où leur fuite en avant…

Ce qui se passe aujourd’hui semble en droite ligne de la conclusion pessimiste du documentaire : l’affrontement prévaut toujours sur les logiques d’ouverture et de paix… 

Ce qui me marque, c’est cette difficulté collective à dépasser le passé pour regarder devant. La mémoire est tout le temps entretenue au présent, et plus il y a de drames, plus cette mémoire traumatique est riche et paraît indépassable.

Que ce soit du côté iranien, libanais, israélien, toutes les communautés, tous les leaders politiques entretiennent cette mémoire au lieu de chercher à construire des ponts. De moins en moins de gens sont tournés vers l'avenir. Les fenêtres d’ouverture de dialogue sont si minces qu’il faut être plus que résilients pour les entrevoir.

La seule petite lueur d'espoir vient de la Syrie, où le pouvoir a choisi de ne pas soutenir l’Iran au moment des frappes israéliennes, dans une volonté de s’écarter des drames environnants pour stabiliser le pays et soigner ses fractures abyssales. Cette attitude de neutralité va-t-elle faire tache d’huile ? Espérons-le.

Pour en savoir plus

Vincent de Cointet est réalisateur documentariste. Il est le coréalisateur avec Ilan Ziv de La Longue guerre (2021), paru en DVD chez Arte éditions.

Mots-clés

Proche-OrientIranÉtats-UnisIsraëlLibanPalestinehistoire contemporaine
Marina Bellot

Ecrit par

Marina Bellot

Marina Bellot est journaliste indépendante, diplômée de l'Ecole de journalisme de Sciences Po. Elle a co-fondé en 2009 Megalopolis, un magazine d'enquêtes et de reportages sur la métropole parisienne, qu'elle a dirigé pendant trois ans. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages pédagogiques à destination des adolescents et a co-écrit une biographie de Jean-François Bizot, L'Inclassable, parue chez Fayard en 2017.

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