Écho de presse

L'insaisissable vampire de Düsseldorf (1/2)

le 25/05/2018 par Pierre Ancery
le 05/06/2017 par Pierre Ancery - modifié le 25/05/2018
L'Humanité du 23 novembre 1929 ; source RetroNews BnF

La longue traque de ce meurtrier sanguinaire, qui inspira à Fritz Lang son film « M le Maudit », fit frissonner le public entre 1929 et 1930.

Peter Kürten, surnommé le "vampire de Düsseldorf", reste l'un des tueurs en série les plus célèbres d'Allemagne. Il doit son surnom à la férocité de ses crimes et à la ville où eurent lieu la plupart d'entre eux.

 

Condamné une première fois en 1913 après avoir assassiné une jeune fille lors d'un braquage, Kürten passe huit ans en prison. Puis en 1925, ce natif de Cologne va s'installer à Düsseldorf. Sa frénésie meurtrière reprend en 1929 : le 8 février, il agresse une jeune femme et tue une petite fille de 8 ans. Le 13, il poignarde un mécanicien. Le 21 août, il attaque trois personnes avec un couteau. Le 23, il assassine deux fillettes. En septembre et octobre, il commet encore deux viols et deux meurtres.

 

Dans les mois qui suivent, les crimes se poursuivent. La police piétine et la presse fait ses choux gras des horreurs perpétrées par le mystérieux "vampire".  Début novembre, L'Écho de Paris révèle qu'après avoir assassiné une enfant de 5 ans dans un terrain vague, il a fait parvenir à la mère de sa victime deux lettres décrivant avec force détails sa rencontre avec la fillette et son meurtre.

 

Simultanément, l'assassin envoie à la presse une lettre anonyme révélant l'emplacement du corps. Un procédé qu'il va désormais répéter régulièrement.

 

Le 17 novembre, Le Journal écrit :

 

"Aucune indication n'a pu encore être fournie, jusqu'à présent, sur l'identité ou l'aspect du Landru rhénan, qui écrit aux journaux des lettres où le cynisme le dispute à l'ironie et prévient la police de ses projets par des cartes postales comportant des indications précises, complétées par un dessin topographique sur les endroits où il a enterré ses victimes.

 

C'est ainsi qu'avant-hier il signalait à la police un emplacement situé à l'orée d'un petit bois des environs de Düsseldorf, où il avait enterré, après l'avoir violée et tuée, l'une de ses plus récentes victimes, une domestique nommée Maria Hahn."

 

À Düsseldorf, la panique règne et les accusations et dénonciations fantaisistes se multiplient. Pour L'Écho d'Alger du 23 novembre, la ville "donne l'impression d'un vaste asile de fous dont les habitants seraient les pensionnaires".

 

"D'aucuns le voient gros, court, mal habillé, jeune, d'autre le disent grand, élégant, quadragénaire, d'autres encore l'ont vu passer vêtu en ouvrier et cet ouvrier avait une barbiche blonde, portait des lunettes."

 

Le Populaire, qui évoque lui aussi la "psychose de crime" qui s'est emparée de la population, nous apprend en outre que "cinquante criminalistes" ont été dépêchés sur place. En mars 1930, une nouvelle lettre parvient à la presse (reproduite ici dans Le Journal du 2 mars). L'auteur raille les efforts des enquêteurs :

 

"Me voici de nouveau, moi le Vampire de Düsseldorf, que l'on cherche depuis si longtemps. Ma dernière visite remonte à samedi dernier au bal masqué du Zoo. C'était très amusant ; il y avait un tiers d'hommes et deux tiers de femmes. La plupart des jeunes filles avaient amené leurs mères qui les protégeaient, si bien qu'il n'y avait rien à faire. […]

 

Je me suis contenté de libérer de la pauvreté d'humbles âmes : c'étaient toutes d'honnêtes jeunes filles ; aucune d'elles n'avait accepté mes avances."

 

Il va jusqu'à se décrire physiquement :

 

"Voici mon signalement : j'ai 1 m. 68 de taille ; je ne porte pas de lunettes, même comme déguisement ; pour l'instant, je suis habillé d'un pardessus de couleur marengo et d'un vêtement à carreaux ; j'ai un chapeau vert et des souliers à tige de drap, également marengo, avec des empeignes vernies. Pour le moment, j'ai un peu d'argent, si bien que je pourrai passer gaîment les fêtes du carnaval.

 

Si la police arrive à s'approcher de moi, j'en finirai avec cette vie maudite. Vous entendrez bientôt parler de moi."

 

Toutefois, en mai de la même année, Peter Kürten va commettre une erreur qui va lui être fatale...

 

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Maurice de Fleury
L'Anthropologie criminelle et ses récents progrès
Cesare Lombroso
La Contagion du meurtre
Paul Aubry
Les Criminels
Armand Corre