Écho de presse

« Héros en 17, clochards en 32 ! » : la marche des vétérans sur Washington

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Vétérans américains de la Première Guerre mondiale lançant des briques à l'armée venue les déloger, The Chicago Tribune,1932 - source : RetroNews-BnF

En 1932, des milliers de vétérans de la Première Guerre mondiale convergent vers la capitale américaine pour exiger l’adoption du Bonus bill, une loi leur permettant de toucher une prime votée en 1924. Après trois mois de campement, les anciens soldats sont brutalement évacués par l’armée.

En mai 1932, des groupes d’hommes venus de tous les Etats-Unis se mettent en mouvement vers Washington. Par dizaines de milliers et dans un contexte de crise économique consécutive au krach boursier de 1929, ils empruntent les routes en convoi, parfois en voiture, le plus souvent à pied. Certains d’entre eux sont accompagnés de leur femme et de leurs enfants.

Ce sont d’anciens soldats, des vétérans de la Première Guerre mondiale qui convergent vers la capitale, où doit être examinée le Bonus bill, le projet de loi proposant de verser immédiatement la prime aux combattants votée en 1924, sans attendre l’année 1945 comme prévu initialement. Mais cette mesure est loin de faire l’unanimité au sein de l’administration Hoover.

« La question du bonus pose un sérieux problème, car son adoption accroîtrait les difficultés de l'équilibre du budget et serait une dépense supplémentaire de plus de deux milliards.

La Maison Blanche et une importante partie du Congrès sont résolument opposés au bonus, qui, sans doute, sera refusé en raison de la charge qu'il imposerait aux finances américaines. »

La presse américaine ne tarde pas à baptiser ces légions de marcheurs Bonus expeditionary corps, le Corps expéditionnaire de la prime, dont l’un des slogans est : « Héros en 17, clochards en 32 ! ».

Pierre Desnoyer, correspondant du Petit Parisien, se mêle à cette drôle « d’armée » de « vétérans-chômeurs » pour produire un reportage au long cours empreint d’humanité.

« Jamais les États-Unis n'auront vu d'armée semblable. Affamée, débraillée, sans idéal, elle inspire une profonde pitié.

Elle ne s'est pas réunie dans un élan d'enthousiasme, à l'appel d'un chef pour une grande cause. Elle est sortie de terre spontanément, formée par l'agglomération de petits groupes disparates, d'un bout à l'autre de l'immense territoire américain. »

Démunis et sans le sou, ces vétérans sont bien accueillis par la population qui les soutient et les aide au fur à mesure qu’ils avancent sur Washington.

« Com...

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