Un financier dans la famille ? Reconstituez son parcours grâce à RetroNews !

Est-il possible de débuter un arbre généalogique à partir de renseignements aussi sommaires qu’un nom et un lieu ? Grâce à la presse ancienne, tout est envisageable ! L’enquête précédente, relative à la famille Foy de Bordeaux, l’a démontré à merveille. La simple mention, dans un avis de décès, des « demoiselles Salomon Foy » apparentées à Aaron Eisenchteter, avait suffi à entamer des recherches riches en découvertes et à reconstituer un arbre généalogique descendant tout à fait honorable : 4 enfants, 11 petits-enfants, 5 arrière-petits-enfants, 1 arrière-arrière-petite-fille. Faut-il se contenter de ces premiers résultats ? Evidemment non, car chaque découverte dans la presse ancienne est une invitation à relancer ses recherches via de nouveaux mots-clés, et ce afin d’approcher l’exhaustivité des résultats. 

Intéressons-nous à présent à la branche Molina. Deux sœurs Foy ont en effet épousé deux frères, Gaston et Jules Molina, tous deux banquiers. Pour débuter, tentons notre chance avec la combinaison « Foy Molina ». 28 archives de presse nous sont proposées, que nous trions par date croissante. Même si de nombreux résultats ont déjà été suggérés lors des requêtes précédentes, de nouvelles pépites généalogiques font leur apparition. 

Tout d’abord, nous découvrons le prénom, Léa, de l’épouse de Jules Molina grâce à leurs publications de mariage, dans La Petite Gironde du 21 mars 1881. Une tentative d’arnaque, relatée dans La Petite Gironde du 2 décembre 1894, nous renseigne sur les activités des banques Foy et Molina. M. Molina (Jules ou Gaston ?) est alors agent de change rue Sainte-Catherine et cours de l’Intendance tandis que la maison Foy est basée au 20 cours du chapeau rouge.

Un autre fait divers, plus grave, est relayé dans divers journaux en 1905. On parle de « l’Affaire de la rue des Piliers de Tutelle ». M. Foy, l’un des directeurs de la banque Foy et Molina, sise rue Piliers des Tutelles, est en effet victime, le 30 octobre 1905, d’une attaque au revolver ! Un fourreur tchèque, Charles Vodicka, désireux d’obtenir un renouvellement de prêt et mécontent de la décision, tire 3 coups de revolver sur le banquier, heureusement sans l’atteindre. 

Les différents épisodes judiciaires de cette affaire sont publiés dans La France de Bordeaux et du Sud-Ouest du 31 octobre 1905, La Gironde du 4 novembre 1905, La France de Bordeaux et du Sud-Ouest et La Petite Gironde du 3 décembre 1905, La France de Bordeaux et du Sud-Ouest du 17 décembre 1905, La Gironde du 18 décembre 1905 et La France de Bordeaux et du Sud-Ouest du 16 mai 1906. Ce dernier article, qui résume toute l’affaire, annonce également le verdict : Charles Vodicka est acquitté ! 

Enfin, cette première recherche permet de dénicher deux avis de décès supplémentaires :

• Celui de Gaston Molina, paru dans La Petite Gironde du 14 août 1923. Un grand nombre de familles y sont citées, hélas, sans précision du lien de parenté avec le défunt. On y apprend néanmoins que Gaston est directeur-administrateur délégué de la banque Jules Molina de Bordeaux.
• Celui de leur beau-frère Fernand Laroque, ancien négociant, publié dans La Dépêche (de Toulouse) du 19 février 1929 et du 27 février 1929. Décédé à 75 ans, il laisse 2 enfants : Georges, père de famille résidant à Cannes, et Laure, célibataire.

Même en présence de nombreux résultats instructifs, il est toujours bon de relancer ses recherches en combinant différents critères. De nombreuses possibilités complémentaires s’offrent à nous : tester de nouveaux mots-clés tels que « Gaston Molina » et « Jules Molina » ou desserrer l’étau de la requête précédente « Foy Molina » en tolérant une plus grande distance entre ces deux termes. Précisons ce dernier point. Par défaut, lors d’une recherche simple, seuls les articles de presse comportant tous les mots-clés saisis au sein du même paragraphe sont proposés. Dans notre cas, il était donc nécessaire que les deux termes Foy et Molina apparaissent dans le même paragraphe pour que la page de journal soit suggérée. En recourant au moteur de recherche avancée, réservé aux abonnés, il est possible de paramétrer la « proximité entre les termes » via un curseur à trois niveaux : « Très proche » (i.e. même paragraphe), « Proche » (i.e. même colonne) ou « Eloignée » (i.e. même page). En positionnant le curseur sur « Proche », ce ne sont plus 28 résultats qui sont proposés mais 495… Il est alors possible de circonscrire de nouveau, mais différemment, la recherche en ajoutant des critères. Comme l’illustrent les trouvailles précédentes, c’est essentiellement la presse locale bordelaise, à travers les titres La Gironde, La Petite Gironde, La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, qui s’est avérée la plus féconde. Nous pouvons donc focaliser notre enquête sur les périodiques bordelais grâce aux filtres. Pour ce faire, il suffit de cliquer sur « + Filtres » afin d’ajouter un critère de recherche puis de sélectionner le filtre adéquat. Deux options sont à notre disposition : 

• Choisir un filtre de type « Titre de presse » et renseigner un des trois noms de journaux. Une auto-complétion est proposée au fur et à mesure de la saisie. Dans ce cas, trois requêtes successives sont donc nécessaires.
• Choisir un filtre de type « Lieu de publication » et définir une ville (ex : Bordeaux) ou un département (ex : Gironde). Nous privilégions ce choix puisqu’il permet d’accéder aux trois journaux locaux en une seule requête. 

Ainsi, la recherche de tous les mots « Foy Molina », situés « proches » les uns des autres, dans les journaux implantés en Gironde, livre 136 archives de presse, que nous trions par date croissante. Parmi les résultats additionnels, signalons :

• Des annonces de la banque « Jules Molina, 2 cours de l’Intendance, Bordeaux » telles que « Opérations de Bourse au comptant et à terme. Titres contre argent. Argent contre titres. Paiement de coupons sans bordereau, souscription sans frais à toutes les émissions. », publiées dans La France de Bordeaux et du Sud-Ouest du 10 mars 1890, du 27 juillet 1890, du 28 mars 1893, du 3 juin 1894, du 8 décembre 1894, etc. autant d’annonces qui incitent à relancer la recherche sur les termes « Jules Molina ». Celle du 9 mars 1939, tirée de La France de Bordeaux et du Sud-Ouest précise que cette banque a été fondée en 1885.
• Des articles complémentaires sur l’arnaque de 1894 dans La Gironde du 1^er décembre 1894, dans La Gironde du 25 avril 1895 et dans La Petite Gironde du 26 avril 1895.

• L’avis de décès d’un membre de la famille, Georges Molina, publié le 9 août 1912 dans La Petite Gironde.
• L’avis de décès de Rebecca Marthe Cahn, épouse d’Emile Foy, publié le 22 février 1914 dans La France de Bordeaux et du Sud-Ouest. On y découvre ainsi son identité, son adresse, le prénom de son fils Henry et ceux de ses frères et beaux-frères.
• Des publications supplémentaires de l’avis de décès de Gaston Molina dans La France de Bordeaux et du Sud-Ouest du 7 août 1923, et La France de Bordeaux et du Sud-Ouest du 14 août 1923.

Fort de ces premiers résultats, poursuivons notre enquête à l’aide des termes « Gaston Molina ». La saisie de ces deux mots-clés, « très proches » l’un de l’autre, renvoie 361 résultats. Filtrons sur le lieu de publication « Gironde » afin de circonscrire la recherche. Parmi les 21 vignettes résultantes, soulignons ces mentions :

• Gaston Molina, changeur à Bordeaux, est témoin lors d’une audience du 7 août 1886 à la cour d’assises de la Gironde ( La Petite Gironde du 8 août 1886 et La Gironde du 9 août 1886).
• Une annonce parue dans La Gironde du 10 janvier 1908 : « Démarcheurs et Remisiers de Bourse pour Bordeaux et départements sont demandés. GASTON MOLINA. 2 cours de l’Intendance, Bordx ».
• L’avis de décès, en date du 2 janvier 1915 ( La France de Bordeaux et du Sud-Ouest), d’un membre de la famille, Jules-Moïse Molina, soldat au 57^e de ligne.
• L’avis de décès d’un autre membre de la famille, Léonce Chimenes, épouse Molina, paru dans La France de Bordeaux et du Sud-Ouest du 1^er avril 1922.

Il est possible d’élargir la recherche en supprimant le filtre géographique et en ayant recours à un autre critère : « Cette expression ». Avec cette option, il n’est plus question de rechercher les deux mots Gaston et Molina au sein du même paragraphe. Le menu « Cette expression » consiste à sélectionner uniquement les articles qui contiennent les deux mots Gaston Molina côte-à-côte et dans cet ordre, tel un ensemble indissociable. Ce faisant, 239 coupures de presse sont proposées, qui s’avèrent intéressantes dès les premiers résultats. Mentionnons en particulier :

• Des articles complémentaires sur l’audience du 7 août 1886, tirés du Constitutionnel du 11 août 1886 et du journal Paris du même jour, qui précisent que Gaston a alors 23 ans.
• Diverses annonces de juin à septembre 1890 dans La Dépêche (de Toulouse) formulées en ces termes : « OPERATIONS DE BOURSE AU COMPTANT ET A TERME. Argent contre titres. Livraison immédiate de Bons fonciers de France. Tirage 15 juillet. Gros lot : 100,000 fr. Prix : 60 fr. – Ville de Paris nouvelles. 4 tirages par an. 250,000 fr. de lots à chacun. Obligation entière, 82 50 ; quart d’obligation, 22 50. – Gaston Molina, Toulouse, 33, rue Lafayette. »
• D’autres annonces du même acabit parues dans le même journal tout au long des années 1892, 1893, 1894, 1895 et 1896.
• L’annonce d’une constitution de société dans laquelle, Gaston Molina, banquier à Bordeaux est cité ( L’Echo saintongeais du 24 mai 1908).
• Des avis de décès complémentaires de Gaston Molina, publiés dans Le Matin du 10 août 1923 et du 15 août ainsi que dans L’Univers israélite du 17 août 1923.
• L’avis de décès de William Molina (probablement son frère), paru dans La Dépêche du 24 juillet 1938 et du 27. 

Nous pourrions, à l’identique, rechercher dans RetroNews l’expression « Jules Molina ». Néanmoins, la tâche se complique puisque 2428 archives de presse comprennent ce nom ! La plupart font référence à des publicités et des annonces relatives à des obligations, des opérations de bourse, de change, etc. Le cas se prête particulièrement bien à l’utilisation d’un critère d’exclusion du moteur de recherche avancée. Pour cela, cliquons sur « + Termes », sélectionnons dans les menus déroulants « Ne contient pas » et « Tous ces mots » et saisissons la liste des termes que nous ne souhaitons pas voir apparaître dans les articles de presse, tels que : « obligations bourse change tirage ».

Cette approche permet de diviser par 10 le nombre de résultats, qui devient à présent raisonnable. L’affichage sous forme de vignette permet ensuite de dissocier au premier coup d’œil les annonces commerciales des articles plus intéressants tels que :

• La villégiature de la famille à Biarritz, villa Moulié, à l’été 1898 d’après La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz du 19 août 1898.
• Diverses annonces qui attestent d’une succursale de la banque Jules Molina, au 33 rue Lafayette à Toulouse.
• Son élection au consistoire départemental israélite de Bordeaux en 1905, d’après L’Univers israélite du 3 novembre 1905 et au Conseil de l’association cultuelle de Bordeaux en 1906 d’après le même journal en date du 16 novembre 1906.
• Le mariage de sa nièce, Gabrielle Silva, avec M. E. Fargues en 1921, annoncé dans le numéro du 6 mai 1921 du même journal.
• Sa réélection au Consistoire de Bordeaux en 1922 ( L’Univers israélite du 15 décembre 1922) et en 1928 ( L’Univers israélite du 30 novembre 1928).
• Son rôle en tant que trésorier du Consistoire de Bordeaux en 1925 ( L’Univers israélite du 25 décembre 1925, 1928, 1929, 1933, et de vice-président en 1939).
• L’avis de décès d’Angèle Sorano, épouse d’Eugène Bargues, fille de Mme Adolphe Sorano, sœur de Jules Molina, paru dans L’Univers israélite du 12 octobre 1934.
• La mention de son petit-neveu, Salomon Molina, fils de Paul Molina, dans L’Univers israélite du 3 février 1939.

Nous pourrions ainsi poursuivre inlassablement l’enquête en tentant de nouvelles combinaisons de mots-clés, en jouant avec les différents paramètres et filtres du moteur de recherche avancée et en élargissant et resserrant tour à tour le périmètre de notre investigation. Mais est-ce vraiment nécessaire ? Les multiples requêtes décortiquées ne révèlent-elles pas la puissance du moteur de recherche ? Les nombreuses découvertes présentées ne suffisent-elles pas à illustrer l’incroyable richesse de la presse ancienne pour nourrir une recherche généalogique et biographique ?