Écho de presse

A-t-on supprimé Miguel Almereyda, directeur du « Bonnet Rouge » ?

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Le journaliste et militant anarcho-socialiste Miguel Almeyerda, directeur du Bonnet Rouge, en Une des Hommes du Jour, 1911 - source : Gallica-BnF

En pleine Première Guerre mondiale, le porteur d’un chèque émis par une banque allemande est intercepté, occasionnant l'interdiction du journal socialiste satirique Le Bonnet rouge. L’affaire prend un virage inattendu avec la mort suspecte, en prison, de son directeur.

En novembre 1913, Eugène Vigo, alias Miguel Almereyda, et Eugène Merle, anciens anarchistes devenus socialistes, journalistes à La Guerre sociale, fondent un nouvel hebdomadaire satirique : Le Bonnet rouge.

Proche de Joseph Caillaux, radical-socialiste et ministre des finances du gouvernement Doumergue, le journal défend à son lancement des positions pacifistes avec humour et acidité.

« Le premier numéro du Bonnet Rouge a vu le jour samedi 22 novembre. Comme nous l’avaient promis ses fondateurs, il est aussi divers que piquant.

C'est Mme Séverine qui est la marraine du nouveau-né et qui le présente au public. Après elle, dessinateurs, littérateurs, journalistes ont accumulé les notes mordantes et pittoresques. (…)

Rien n’est sacré pour les rédacteurs du Bonnet Rouge et ils prouvent que leur verve ne connaîtra pas d’amis. Tout le monde ne lira pas ce premier numéro avec le sourire : trop de flèches porteront et il est des réputations qui risquent de n’y pas résister. »

En mars 1914, le journal se transforme en quotidien du soir et annonce son intention de s’investir dans les prochaines campagnes électorales.

« Le Bonnet rouge, hebdomadaire satirique illustré, annonce sa transformation en quotidien du soir.

Nous pouvons indiquer dès maintenant que, sans être officiellement attaché à aucun parti ni à un groupe déterminé, notre confrère compte faire une politique d'union républicaine et prendre, en soutenant les candidats de gauche, une part des plus actives à la campagne électorale qui va s'ouvrir. Le premier numéro du Bonnet rouge, quotidien du soir, paraîtra le 23 mars. »

De fait, le journal soutient Louis-Jean Malvy, ministre de l’intérieur ainsi que Joseph Caillaux, publiant des articles en faveur de la femme de celui-ci lorsqu’elle est accusée du meurtre de Gaston Calmette, directeur du Figaro.

Ce soutien vaut au Bonnet Rouge des subventions secrètes et conséquentes venant de la place Beauvau jusqu’en 1916 – date à laquelle Miguel Almereyda s’oppose, dans le contexte de la Première Guerre mondiale, à la politique jusqu’au-boutiste du gouvernement. Les fonds sont alors coupés et le rédacteur en chef doit se tourner vers des ressources privées. Ce sont des financiers qui sauvent le journal et un certain Emile Duval en devient l’administrateur.

Début juillet 1917 éclate alors l’ « affaire du Bonnet rouge » : Emile Duval est arrêté à la frontière suisse en possession d’un chèque de 150 000 francs en provenance d’une banque allemande.

« Le chèque trouvé sur M. Emile Duval, administrateur du Bonnet Rouge, avait été émis par la Banque fédé...

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