Extrait du journal

On connaît la campagne menée par M. Maurice Barrès pour la conservation ou la restauration 'de nos vieilles églises. On se souvient de ses interventions à la Chambre, de ses articles dans l'Echo de Paris et la Revue des Deux Mondes. Si leur portée politique égalait leur valeur littéraire, les républicains laïques pourraient éprouver de sérieuses inquiétudes. Mais, fort heureusement, nous ne sommes plus au temps où un Chateaubriand pouygftt contribuer à l'établissement du Concordat. M. Barrès a pu écrire de's pages dignes du Génie du christianisme ; ce n'est pas cela qui nous ramènera Napoléon et l'état d'esprit d'il y a plus d'un siècle. Et puis, on sent vraiment trop dans son langage le jeu de l'écrivain, les mirages d'une imagination qui transfigure le réel pour faire œuvre d'art, et le caprice d'une sensibilité intense et un peu morbide qui s'épanche à propos des églises, comme à propos des lagunes vénitiennes ou de la morne splendeur de l'Escurial. Certes, il est de vieilles 'églises respectables. Elles sont beUes, leurs voûtes sont des reliquaires où repose la poésie du passé ; la monotone ascension de leurs flèches évoque le temps où l'idéalisme des hommes ne trouvait, pour s'exprimer, qu'un point d'exclamation dans l'infini, et, dans la paix du crépuscule, le tintement de leurs angelus semble encore épandre sur la plaine des frissons d'angoisse et d'espoir....