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Écho de presse

Les dessins dans les bandeaux de la presse satirique, autant de vérités cachées

Les illustrations placées dans les bandeaux et manchettes des titres satiriques retiennent habituellement peu l'attention du lecteur. Leur étude approfondie réserve pourtant bien des surprises, qui en disent beaucoup sur les intentions du journal.

satirehumourdessins de presseillustrationHonoré DaumierCensure

Ecrit par

Aurélie Desperieres

Publié le

29 avril 2025

et modifié le 29 avril 2025

Image de couverture

Une du Charivari en date du 4 avril 1835 - source : RetroNews-BnF

Plus que tout autre type de presse, la presse satirique a, depuis son origine, aimé agrémenter son titre d'un élément graphique. Vignettes, bandeaux, frises ou encore logos, ces nombreux dessins prennent des formes et présentent des objectifs très variés.

Dès novembre 1830, Charles Philipon demande à J.J. Grandville de réaliser une vignette pour sa toute nouvelle revue satirique, La Caricature.

Pour incarner l'esprit du titre et le personnifier, l'artiste choisit le bouffon de Louis XII et de François Ier, Triboulet, que Victor Hugo rendra encore plus célèbre deux ans plus tard dans Le Roi s'amuse. Avec son porc-épic, son arc, ses flèches et son fouet, il se tient prêt, comme le souligne la légende de la vignette, à Castigat ridendo mores, c'est à dire à « corriger par le rire les mœurs » devant le magasin de lithographies que Philipon a ouvert en 1829 avec son beau-frère Gabriel Aubert, passage Vero-Dodat à Paris.

Le lecteur peut donc comprendre rapidement, grâce à cette composition, le but avoué de La Caricature. Créée dans l'euphorie de la Révolution de 1830, elle entend bien dénoncer et attaquer tous les travers de son époque, au mépris de la censure dont Triboulet écrase les ciseaux.

Contrairement à La Caricature, Le Charivari, dans les premières années de son existence, change très régulièrement le dessin placé au-dessus de son titre. Charles Philipon, également créateur de ce célèbre quotidien satirique en 1832, sollicite J.J. Grandville, Honoré Daumier ou encore Tony Johannot pour imaginer des bandeaux originaux. Or, qui mieux qu'un orchestre peut incarner un journal dont le nom fait référence à un tumulte, un grand bruit ? Ainsi, en janvier 1834, Philipon est représenté au centre d'un groupe de musiciens composé des dessinateurs du Charivari et de son beau-frère.

Chacun participe à ce tonitruant vacarme en jouant d'un instrument de musique différent : Philipon à la grosse caisse, Eugène Forest au violon, Honoré Daumier, son chien sur le bras, au tambourin, Grandville à la flûte...

Plusieurs variantes de cette scène sont dès lors imaginées comme, par exemple, en février, au moment des négociations avec Abd-el-Kader en Algérie nouvellement conquise.

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1834 : Le Charivari condamné par « la poire » Louis-Philippe

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En mai, la célèbre poire imaginée par Philipon en 1831 est au cœur de la fête. Affublée des attributs caractéristiques de Louis-Philippe – le chapeau, le parapluie, l'écharpe de moire rouge et la houppette –, elle est malmenée par une fanfare devant la boutique Aubert.

Dans son combat contre la Monarchie de Juillet et plus particulièrement contre Louis-Philippe, Philipon choisit de mettre à profit l'espace stratégique du bandeau de son journal. Au fil des mois, les dessins sur la « poire Louis-Philippe » se multiplient. En juin, le lecteur découvre ainsi tout un parterre de poires autour du trône royal.

Quelques jours plus tard, la composition de Grandville «  La Chasse à la liberté », publiée dans La Caricature du 1er novembre 1832, est reprise mais adaptée au contexte. Désormais, c'est Louis-Philippe lui-même qui poursuit la liberté devant une borne « saisie » en référence aux nombreuses difficultés rencontrés par La Caricature et Le Charivari à cette période.

En octobre, le bandeau met en scène deux Républicains en prison tandis que Louis-Philippe remet des charges et des distinctions à différents représentants de la société visiblement très intéressés.

Les attaques se poursuivent jusqu'en août 1835, date à laquelle La Caricature est interdite et la censure renforcée. Quelques mois plus tard, Le Charivari finira par adopter définitivement une vignette créée par Grandville montrant Philipon tapant sur sa grosse caisse avec des plumes à sa main droite et des crayons à sa main gauche. Tels des pantins, les cibles du Charivari, hommes de loi, militaires et bourgeois, s'agitent en-dessous. Avec ce dessin, le quotidien affiche son but humoristique et satirique sans risquer de heurter l'implacable Anastasie.

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L'histoire mouvementée du dessin de presse en France

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Au cours du Second Empire, André Gill fait le choix de symboliser l'évolution de cette censure dans le titre même de L'Eclipse, hebdomadaire satirique né à la suite de l'interdiction de La Lune en janvier 1868. Ainsi, en référence à cette interdiction, dans les premiers numéros, l'ombre de la Terre arbore un sourire quelque peu mystérieux et recouvre presque entièrement la Lune : l'éclipse est quasi-totale. L'obscurantisme du régime de Napoléon III a eu raison de La Lune.

À partir du 19 juillet 1868, grâce à la politique plus libérale mise en place par le gouvernement, l'ombre se décale et laisse entrevoir partiellement le sourire de la Lune. En mai, une loi avait ainsi donné des marges de manœuvre plus importantes à la presse et, en juin, la liberté de réunion était rétablie.

Après de longs mois d'interruption pendant le conflit franco-prussien, L'Eclipse reparaît en juin 1871. Le Second Empire a disparu mais André Gill ne peut se satisfaire de la situation du pays. Il dessine alors la carte de France dans la Lune avec une partie du territoire, dont l'Alsace et la Moselle, masquée par un disque, dans lequel figurent les portraits des trois hommes selon lui responsables des « malheurs de la France » : Guillaume Ier, Bismarck et Napoléon III.

À cette période, à la faveur de l'instauration de la République, les journaux satiriques commencent à se multiplier dans les kiosques. Plusieurs font le choix d'animer leur titre avec un dessin : Le Grelot avec un petit grelot surmonté d'un bouffon tenant une plume et un crayon, Le Pétard avec Alfred le Petit, son fondateur, représenté en train d'allumer l'explosif attaché à la queue d'un chien à tête humaine, Le Triboulet avec le bouffon du même nom...

Après 1881 et le vote de la loi sur la liberté de la presse, la presse satirique connaît un véritable âge d'or. Chaque titre cherche alors à se différencier de ses concurrents. En 1882, afin d'ancrer Le Chat Noir dans son univers montmartrois et marquer sa singularité, Henri Pille dessine un chat aux poils hérissés devant les deux moulins emblématiques de la Butte.

La Cravache parisienne, quant à elle, symbolise la virulence de ses attaques avec un diable s'apprêtant à fouetter, à l'aide de sa cravache, les personnages-silhouettes qui forment les différentes lettres du titre.

Dans un genre plus poétique, Jean-Louis Forain imagine, en 1889, pour son éphémère revue Le Fifre, une scène dans laquelle une faunesse joue de cet instrument devant les principaux monuments parisiens dont la Tour Eiffel récemment construite.

Les revues anticléricales aiment également afficher leurs opinions et intentions dans les éléments graphiques de leur titre à l'image des Corbeaux, hebdomadaire publié en France à partir d'avril 1905. Dans les premiers numéros, une nuée de corbeaux entoure les lettres. Deux de ces oiseaux, symboles des hommes d’Église, sont affublés d'un chapeau de Basile et d'un rabat. Dès le vote par les députés de la loi sur la séparation des Églises et de l’État en juillet 1905, le dessin évolue. Désormais, un coq s'attaque aux corbeaux et en fait fuir le plus grand nombre. Le dessinateur et directeur de la revue, Ashavérus, pseudonyme de Didier Dubucq, affiche ainsi, par le biais des animaux qui incarnent la France pour l'un et l’Église pour l'autre, non seulement l'objectif des Corbeaux mais aussi sa satisfaction face à l'évolution de la politique dans le pays. 

Bandeau de Une des Corbeaux, 30/07/1905 – source : Gallica-BnF

Bandeau de Une des Corbeaux, 30/07/1905 – source : Gallica-BnF

Au cours de la Grande Guerre, plusieurs journaux, notamment ceux du front, agrémentent leurs titres d'un dessin. Dans Le Canard Enchaîné, l'effronté petit volatile imaginé par H. P. Gassier fait face aux ciseaux de la censure et déclare :

« Tu auras mes plumes. Tu n'auras pas ma peau. »

En revanche, les revues créées dans les années 1920-1930 sont moins adeptes de cette pratique. Le Merle Blanc ou Cyrano placent bien l'animal ou le personnage qui incarne leur nom au cœur de leur titre mais la plupart des bandeaux et manchettes de la période ne contiennent plus que des écritures.

Conscientes que l'espace du titre est stratégique, les revues satiriques l'ont pleinement utilisé pour affirmer leur originalité face à une concurrence de plus en plus rude. Les diverses compositions mises en avant dans cette présentation non exhaustive sont d'une incroyable diversité. De la simple incarnation du personnage ou de l'objet du titre à la mise en scène de son combat, leurs objectifs varient selon les époques et l'engagement des journaux.

Pour certains, l'élément graphique ajoute simplement du charme à leur Une. Pour d'autres, il leur offre l'occasion de mettre en avant leur insolence, la force ou encore la cible de leurs charges et ainsi capter plus facilement, dans les kiosques, l'attention du lecteur susceptible de partager leurs idées. Ces petits dessins ne sont donc pas anodins et constituent un élément majeur de l'identité des titres satiriques.

Mots-clés

satirehumourdessins de presseillustrationHonoré DaumierCensure
AD

Ecrit par

Aurélie Desperieres

Aurélie Desperieres est professeure d'histoire-géographie. Chercheuse, elle travaille notamment sur la caricature dans la presse aux XIXe et XXe siècles.

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