Extrait du journal

On fait justement remarquer que, sur le trône de Russie, depuis un siècle,l’autocratie mitigée par un certain libéralisme a toujours alterné avec l’absolutisme intransigeant. A Alexandre Ier, prince magnanime, a succédé Nicolas Ier, souverain despotique. Son fils Alexandre 11 ajustement mérité le beau titre de Tsar libérateur par son kas émancipant les serfs, et l’on sait que seul l'horrible attentat de 1881 a empêché la couronne de Russie d’aiguiller le gouvernement dans une direction nettement libérale. Les circonstances tragiques dans lesquelles avait lieu la transmission du trône ne permettaient pas de continuer les traditions brillamment inaugurées par Alexandre II. Une ère de réaction a suivi, qui s’est fait sentir dans tous les sens, qui a pesé sur toutes les branches de l’administration politique, elaengendré des mesures que les amis de la liberté et du progrès ont justement regrettées. La longue période de tranquillité intérieure dont a joui la Russie sous le gouvernement tutélaired’AlexandrelIl, le développement de puissance au-dedans et au-dehors quelle elle a acquis, la gloire d’un règne qui a eu la paix pour but constant et qui a réussi à en assurer les bienfaits à l’Europe entière, rendent la tâche éminemment facile an nouvel empereur, et il pourra, croyons-nous, donner libre cours aux sentiments humanitaires, dont on le dit doué, à cette passion noble de la justice et de la tolérance qui semble être la caractéristique de sa nature morale....