Extrait du journal

N régime a l’armée qu’il mérite et les chefs qu’il se donne. La domestication des généraux et l’élimination systématique de ceux qui refusaient d’être les instruments aveugles d’une politique et d’un système étaient dans la rigoureuse tradition de la République. Nul n’ignorait au gouvernement que le général Gamelin avait été, en Syrie, au-dessous de sa tâche et de l’estime de ses répondant. Il avait été jugé une première fois et sans rémission dans les rapports que notre haut-commissaire en Syrie, Henry de Jouvenel, adressait à Briand et à Pain levé. Gamelin, néanmoins, fut choisi, sans doute parce que, étant médiocre, il n’était pas dangereux. La suite devait prouver qu’on peut être à la fois l’un et l’autre. Mais le vrai coupable, en ce cas, n’est-il pas celui qui l’a nommé ? Et celui qui l’a nommé ne se pliail-ii pas à la règle rigoureuse des démocraties auxquelles la hantise des généraux de coup d’Etat faisait préférer les généraux d’antichambre ?...