Extrait du journal

Mais l’Algérie n’est pas la France. Comme à Constantine « on » (on voudrait bien savoir qui est ce « on »), fait courir les bruits les plus divers : l'agent meur trier devient un juif et une foule hur lante envahit la paisible sous-préfecture, elle saccage les magasins, menace les promeneurs. Les tirailleurs appelés pour rétablir l'ordre passent avec armes et bagages aux émeutlers. L’émeute dure 4 heures, des morts, des blessés... L’action énergique du maire et de sa municipalité évite un drame plus atroce. Voilà comment la courageuse Voix In digène, journal de musulmans, rend compte des incidents de Sétif : Nous avouons que samedi matin, à la première lecture des incidents de Sétif, nous avons cru à une affaire de gens du « milieu » à laquelle on avait donné les proportions que comportait la situation pleine d’inquiétude que nous traversons. Les renseignements de la presse ne sont, hélas I que trop vrais. Non seule ment du sang a coulé, mais encore des magasins ont été saccagés. Nous aimons trouvé banal un agent de police abattant un soudard agressif et aussi banal que des militaires eussent cherché à venger leur camarade tombé sous leurs yeux. Mais ce que nous n admettons pas, c’est qu’à la moindre affaire, des indi gènes accourent menaçants, déferlent sur de paisibles concitoyens et saccagent des magasins. Il y a là un excès intolérable contre lequel nous nous élevons énergi quement, une nouvelle mentalité qu’il im porte de faire disparaître et un mysticisme que tous les esprits sains doivent com battre. Ces moeurs ne devraient plus être tolérées. On nous dit que les indigènes se sont mis en mouvement parce qu’ils croyaient...