Extrait du journal

Le changement complet qui s’est produit depuis deux mois sur le front occidental ne nous dispense pas de porter notre attention sur l’Orient. Il nous invite au contraire à le faire plus fortement que jamais. Au point où en sont les choses on voit encore nettement deux dangers sur la route : d’une part, une paix bâtarde gagnée par l’ennemi en usant de la lassitude générale, et d’illusions plus ou moins sincères qui s’attardent encore dans les pays de LLntente ; de l’autre, la trouvaille par l’Allemagne de ressources nouvelles pour continuer la guerre grâce à une exploitation mieux organisée des pays de l’Est et particulièrement de la Russie. La tactique que l'ennemi paraîtadopter sous l’effet de ses terribles déceptions de cet été, sur la Piave, en Champagne, en Picardie et enfin en Lorraine, peut tendre à la fois à l’un et l’autre objet. Parti en juillet pour en finir avec la France il paraît réduit maintenant à chercher une ligne plus courte pour rester sur une défensive ménagère de ses forces. S’il peut se donner les apparences cet hiver d’un front (reculé, peut-être mais inexpugnable, il en profitera pour essayer d’affaiblir le moral des peuples de l’Entente à la fois par le découragement et par des concessions fallacieuses. De nouvelles manifestations pacifistes autrichiennes ou autres se combineront avec des efforts pour remporter des succès locaux et avec des raide Gothas. Si l’ennemi est capable de stabiliser de nouveau la guerre sur une ligne raccourcie, il pourra déplus faire àl’Ouestl’économie d’effectifs qui serviront d’instrument à sa politique à l’Est. Déjà on assure que l’Allemagne, obligée dé recourir à tous les moyens et inquiète de l’effort des Tchéco-Slovaques dont nous parlons plus loin, a renvoyé des divisions en Russie....