Extrait du journal

Hakodate, Septembre. L’île de Yéso, que la terminologie officielle du Japon contemporain appelle le Hokkaïdo, ou « circuit de la mer du Nord », donne un nouvel exemple de ce fait, que les opinions durent beaucoup plus longtemps que les raisons dont elles sont nées. A Tokyo on parle volontiers du Hokado comme d'une île presque boréale, qui serait tout au plus pour les Japonais un équivalent de notre Terre-Neuve avec ses pêcheries. On croit en général que la colonisation nippone n’y a guère réussi, et on se rappelle le temps où le Kaitakushi, ou commission de colonisation, se livrait à des expériences et des tentatives que l’inexpérience, la prodigalité bureaucratique et même une dose appréciable de corruption administrative condamnaient à qui mieux mieux à de ridicules échecs. Il est cependant intéressant d’avoir une impression personnelle de ce que les Japonais font au Hokkaïdo. Ils ont à leurs portes, dans leur territoire métropolitain lui-même, une île de 94.000 kilomètres carrés. Pourquoi chercheraient-ils ailleurs un exutoire à leur population qui gagne un demi-million d’individus par an? Le Hokkaïdo est, en effet, encore bien peu rempli. Le recensement officiel lui donnait 843.000 habitants au 31 décembre 1903 et nous venons de dire quelle est sa superficie. H a 165 habitants par ri carré (1 ri = 3,927 mètres) contre 2.109 dans l’île de Hondo. C’est donc un pays colonial toutou moins à un égard. Une promenade au Hokkaïdo se recommande à qui désire se rendre compte, fûtce d’une manière hâtive, des forces et des besoins qui travaillent actuellement la nation japonaise....