Extrait du journal

le déchirement, le mépris, la recherche Avoir ses trente ans en 1950 n’est pas non plus indifférent. Cela signifie, à 18 ans, le chômage et les grandes découvertes (l’Espagne, Münichet et quelques autres), à 20 ans la guerre : la drôle de guerre, la grande panique motorisée et les cadets de Saumur et, l’année suivante, la première option, la plus confuse sans doute que des hommes de cet âge se soient vu imposer depuis l’affaire Dreyfus : Etat autoritaire ou République, résistance ou aventure nazie, marchaliste ou gaullisme, communisme ou fascisme. De cette alternative, et des camps et des prisons, la classe quarante est sortie déchirée, secrète, méprisante. Elle avait fourni, de part et d’autre, les fanatiques, les hommes de main et les martyrs ; depuis, "elle s’abstient. On la devine, ici et là, on soupçonne sans doute que cette abstention cache des violences refoulées ; mais on ne voit pas de parti, de secte ou de chapelle dont on puisse dire à coup sûr — « là se retrouvent les hommes de trente ans ». Ils sont, comme la levure dans la pâte, un peu partout et...