Extrait du journal

Enfin, si le chef suprême n'a plus à renouveler le geste du vainqueur de Rocroi, son action personnelle a conservé la même importance qu'autrefois. : Cellel, deJoffre est 'de qualité supérieure son autorité, ses «ordres, "son contrôle, ses contacts fréquents avec ses lieutenants font pénétrer partout l'influx d'une volonté qui domine les événements, Il est justifié de voir une des raisons de la vietoire dans sa méthode de commandement. Elle diffère de celle' de. son adversaire :qui, rive à un quartier général lointain, .laisse le plan initial se développer puis se modifier au gré d'initiatives inspirées par les! circonstances du; combat, à des subordonnés dont il n'éclaire ni ne coordonne l'action. Enclin à attribuer ses succès uniquement à l'excellence de ses dispositions, sans faire la part des fautes de l'adversaire, le vainqueur de 1870 avait surtout appliqué son formida/bile effort au perfectionnement de l'outil, sans rien changer aux méthodes qui lui avaient réussi. Quarante ans après, en face d'une armée qui, profitant des leçons de la défaite, répudiait l'inertie et pratiquait l'action, il s'est trouvé désorienté. Nous en reLevons le loyal et généreux aveu sous la plutme d'un, des plus ardents des chefs allemands. «■ .Que des hommes ayant reculé pendant quinze jours, dit-le général Von Kluck, que des hommes couchés par terre et à demi morts de fatigue, puissent reprendre le fusil et attaquer au son du clairon, c'est.une chose avec laquelle nous autres Allemands, flOUS n'avons jamais. appris à compter, c'est là une possibilité dont il n'a jamais été question dans nos écoles de guerre. » 11 y a quelques mois, M. Jules Canibon vous citait cette parole du maréchal Joffre: « C'est mon adversaire qui a perdu la bataille ; ce n'est pas moi qui l'ai gagnée. »...