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Courrier de Saône-et-Loire, 16 juillet 1883

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Courrier de Saône-et-Loire
16 juillet 1883


Extrait du journal

d’arrêter ces flots de peuple qui, bienplus que les dispositions officielles, donnaient à la journée son caractère de réjouissance. Depuis que les Chambres ont voulu faire célébrer la prise de la Bastille comme la fête de la République, la fête nationale, les journaux conservateurs, à la suite de tous les historiens cons ciencieux, M. Taine en tête, n’ont cessé de démontrer que le 14 juillet est l’anniversaire d’une insurrection dont le résultat a été une conquête sans gloire, et dont les incidents portent l’empreinte d’une férocité, d’une lâcheté tout particulièrement odieuses. Les masses ne sont point sensibles à la vérité historique. Peu importe au suf frage universel, féru de république comme il l’a été d’impérialisme, ce qu’a été la journée du 14 juillet, il lui suffit que ce soit une occasion de ma nifester son amour pour l’idole nou velle qui a son cœur, et il se livre tout à la joie avec une sorte de passion. Aussi, depuis que la fête nationale a été inaugurée, l’enthousiasme s’est montré ingénieux à faire crier : Vive la République 1 aux objets inanimés. Comment se fait-il que cette grande ferveur soit tout à coup tombée comme ces ballons en baudruche qui se dé gonflent ? De l’aveu même des républicains enthousiastes, qui ne demandaient qu’à voir dix lanternes là où il y en avait une, la journée d’hier a. été lugubre. Des rues entières, d’ordinaire pavoisées et brillamment illuminées, étaient plongées dans l’obscurité la plus féconde pour les amis de la République en sombres réflexions. Les Parisiens n’étaient pas d’humeur folâtre ; ils étaient visiblement soucieux. Les souvenirs de la conversion, les complications de Madagascar, la guerre du Tonkin, les souffrances de l’indus trie et de l’agriculture, n’expliquent que trop ces préoccupations et cette tristesse. Aucun prestige au dehors, et, au dedans, la perte progressive d’un bienêtre auquel on s’était accoutumé et que les classes laborieuses croyaient, par la seule vertu de la République, devoir être sous peu leur lot; il n’en faut pas davantage pour expliquer l’affaissement général. Les cœurs ne sont plus à la joie. Il se passe alors ce phénomène qui mérite bien quelque attention. Tandis que la population assiste à la fête offi cielle, anniversaire de l’émeute du 14 juillet 17v9, trois ceuts mécontents es sayent, à Roubaix, d’envahir 1 Hôtelde-Ville qui ne leur parait pas plus...

À propos

Lancé sous le titre Le Drapeau tricolore en 1832, ce journal de Chalon-sur-Saône devient le Courrier de Saône-et-Loire en 1840. En 1921, il absorbe le Journal de Saône-et-Loire et l'intègre à son nom en 1947 pour donner Le Courrier, Le Journal de Saône-et-Loire. Depuis 2000, le titre est publié à nouveau sous le nom Journal de Saône-et-Loire.

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