Extrait du journal

L’ennemi est à nos portes. Se présentera-t-il à Chalon ? On peut le supposer, mais rien n’autorise à l’affirmer. Si nous en croyons même une dépêche de Berne, c’est en passant par Lons le-Saunier, que l’armée prussienne marcherait sur Lyon. Quoiqu’il en soit, nous ne devons pas nous endormir dans une fausse sécurité. Ce qui, d’ailleurs, est certain, c’est que les communes des cantons de Verdun et de Pierre, qui confinent à l’arrondissement de Dôle, sont menacés d’une invasion pro chaine. Le bruit s’est répandu que Dôle avait été occupé par les Prussiens. Ce bruit ne s’est pas confirmé. Il est vrai que, dimanche, 300 hommes se sont présentés sous les murs de Dôle. Us ont été repoussés, et même, d’après nos derniers renseignements, les troupes ennemies, qui avaient envahi le Jura, ont, sur un ordre subit, repris le che min de la Haute-Saône. Dijon a été évacué samedi. On dit que l’ennemi y est revenu. Cette nouvelle nous parait hasardée. En quittant Dijon, les Prussiens se seraientdirigés sur Pontailler. C’est donc vers la Saône que se portent les forces ennemies. Marcheront-elles sur Lyon par la rive gauche ou par h rive droite? On ne peut tarder de l’apprendre, car nous touchons au moment décisif. Les combats qui se sont livrés dans les environs d’Orléans, excitent au plus haut degré l’intérêt public. Les détails officiels manquent encore. Néanmoins, on a déjà pu en apprécier l’importance par les résultats qu’ils ont eus et en tète desquels il faut placer la réoccupation d’Orléans. L’ennemi, à ce qu’on assure, n’aurait pas eu moins de dix mille hommes hors de combat durant les trois jours qu’à duré l’action. Tous les renseignements, d’ailleurs s’accordent à dire que nos troupes ont fait preuve d’un entrain magnifique. C’est ce que le Moniteur constate. Nous y lisons : » Nos jeunes soldats ont retrouvé cet élan qui était jadis une des principales qua lités rie notre tempérament militaire. La puissante artillerie des ennemis n’a pu les arrêter dans leur course. Ils ont vite com pris que plus le but des canons est éloigné, plus la courbe que doit décrire le projecti le est grande, et plus parconséquent le champ d’effet utile est restreint. Le tir à longue portée a ce résultat de faire passer les boulets et obus, sur une longue étendue de terrain, par dessus la tête de ceux qui s’élancent pour s’emparer des pièces enne mies. D’autre part, il est incontestable que les Prussiens évitent le plus possible d’en gager leur infanterie, qui ne saurait résister à nombre égal, à la nôtre. » La nouvelle de la victoire remportée par l’armée de la Loire a été accueillie à Vienne...