Extrait du journal

Tout le monde reconnaît que la situa tion des postiers est tout à fait digne d’intérêt ; mais ils gâtent leur cause en choisissant, précisément, pour se livrer à de déplorables excès, le moment où l’on venait de voter des crédits en leur faveur. Et puis, il est inadmissible, intoléra ble, qu’un service public soit interrompu par des incidents de ce genre. Et s'il s’agit d’être nombreux peur imposer sa volonté, on so demande ce qui se passe rait, le jour où les ouvriers de la terre, qui sont neuf millions, voudraient agir de même ? Cette grève des postiers a revêtu un caractère d’inconvenance absolument scandaleux. Nous avons vu le Ministre des Postes houspillé, injurié, par ses subordonnés en révolte, qui le tutoyaient, le tournaient en ridicule, allant jusqu'à lui crier : « Ta... bouche ! » Cela n’a pas empêché ce ministre de traiter, de puissance à puissance, avec les chefs des exaltés, et finalement de capituler devant les menaces. Pour leur faire jouer un tel rôle, on ne peut recruter les ministres que parmi les pleutres ; car jamais un homme d'Etat ne se résignerait à de telles humiliations. C’est encore un signe des temps, et nous en verrons bien d’autres ! ! 1 Le Sénat n'a. pas été plus ménagé par les postiers en révolte, qui traitèrent de « gâteux » les politiciens du Luxem bourg. Tout cela est l’indice d’une décompo sition sociale, dont tout le monde subira les conséquences. Mais qui donc s’biquiète de ces prodromes révolutionnai res ?... On y songera quand le mal sera sans remède. Et pour nous dépêcher de rire de tou tes ces tristesses, de peur d’en pleurer ; rappelons que tors d’une autre grève postale, cù le Sénat fut déjà vivement pris à partie, Willette avait traduit, par un dessin humoristique, l’état dôme du personnel. 11 avait dessiné un facteur rentrant chez lui, après sa tournée faute, et disant à sa femme : « J’ai encore... cinq lettres ; mais c'est pour le Sénat ! » Les grévistes d’hier ont dit la même chose au ministre, mais dans une forme plus brutale et moins spirituelle ! Tout s'en va... surtout l’esprit ! EMILE DESIIAYS....