Extrait du journal

Ces autres, ces camarades avec qui d’ordinaire l’entente est facile, ont néanmoins leur nature propre, leur tempérament, leur caractère. Il en est de hargneux, de turbulents, de hâbleurs, de sournois : toute l’image des défauts humains se retrouve déjà chez les enfants. Or, quels qu’ils soient, ils sont contraints de vivre tous ensemble et de se supporter mutuellement ; défauts et travers se heurtent, et, par ces heurts, par ces frottements de chaque jour, « les angles s’arrondissent », comme dit le langage populaire, et il ne se peut guère que les uns et les autres ne deviennent pas plus sociables ou plus souples. C’est un point encore où l’école ressemble à la vie et y prépare. Mais l’enfant y apprend du même coup la perspicacité et la prudence. Il lui arrive d’être un peu trop confiant et d’avoir à s’en repentir ensuite : il n’est rien de tel alors que l’expérience personnelle pour lui enseigner la circonspection et la réserve, pour le mettre en garde contre les artifices des malins et des roublards. Il s’accoutume ainsi à réfléchir, à ne pas s’engager à la légère ou à mesurer ses paroles; et ce sont qualités ou pratiques que la vie exige impérieusement. Il n’est pas mauvais, il est excellent que la vie scolaire y puisse initier....