Extrait du journal

(12 juillet 1790) SCÈNE PREMIÈRE CAMILLE DESMOULINS, assis sur un banc. Qui donc pousse aujourd'hui la France, ou qui la mène ? Qui donc sèche en nos cœurs les semences de haine Et sème à pleines mains la concorde et l'amour? Enfin la nation semble renaître au jour Et l’ancien monde croule et dans 1 ombre s enfonce!.. La France a fait aux rois une grande réponse, -- Il y ajuste un an! - Le monde en a frémi. Le peuple en l’avenir s’est senti raffermi. Chaque jour, affirmant ses volontés plus nettes, Il a, fort de son droit, bravé les baïonnettes Et mis sa large main dans celle des soldats. Puis comme un moissonneur qui s’avance à grands pas Oans le sentier ouvert par sa bonne faucille, En un jour, il a fait s’écrouler la Bastille. Chute immense! Il a vu devant lui l’horizon De clarté que barrait l’odieuse prison. Il marche au but lointain sans peur et sans colère. Tout à coup, abjurant son orgueil séculaire, La noblesse, dans un élan d’égalité, Disperse aux quatre vents l’antique iniquité, Et répandant partout la grande délivrance, La Révolution fait le tour de la France! Et demain, sous les yeux de l’Europe, Paris Ouvre, comme une mère aux regards attendris, Ses bras aux Fédérés que la province envoie ! oeuvre sainte! Ah! j’en suis tout débordant de joie. Car j’ai moi-même un peu travaillé cet an-ci....