Extrait du journal

CONSTANTINE, 7 mai. — Si Alger est devenu une grande ville européenne, Constantine est restée une ville arabe. Le Parisien s'en aperçoit. Dès l'aube, les cris des âniers, les bêlements des moutons, les glapissements d'un marché arabe voisin constituent une façon d'être réveillé dont on n'a, pas l'habitude. L'n éclatant soleil, déjà brûlant, inonde les rues, où grouillent les indigènes, super_,bes dans leurs haillons multicolores et, dans le ciel d'un bleu profond, quantité de cigognes évoluent 'avec grâce. Une agitation extraordinaire, orchestrée de cris et d'appels gutturaux, emplit la ville bien avant l'arrivée du président de ta République et de 6a suite, qui ont dormi,' comme on sait, dans le train présidenUel,' au Kroubs. Autour de la gare sont massés les zouaves du 3e régiment avec le drapeau décoré de ia médaille militaire et de la Legion d'honneur, le 7e tiraÏlleurs, les spahis, les gendarmes indigènes el les chasseurs d'Afrique, qui. formeront l'Mcorte et assureront le service d'honneur. Au premier rang, on remarque les cavaliers kabyles et les grands chefs de la tribu des Aracta, d'origine berbère, qui escorteront la voiture présidentielle. Ils portent le burnous rouge brodé d'or, qui distingue les chefs, et sont coiffés de hauts bonnets entièrement faits de plumes d'autruche. Les chevaux sont richement harnachés, les selles sont brodées d'or et les larges étriers de cuivre sont ciselés. Il est 8 h. 55. On perçoit le bruit des avions qui, depuis Kroubs, font au train présidentiel une escorte aérienne. Sur le quai de la gare, brillamment décoré, les autorités locales, ayant le député-rriaire il leur te.te, 68 sont groupées pour recevoir M. Doumergue....