Extrait du journal

Mais voilà ! 11 est beaucoup plus difficile d’exprimer une pensée claire en se servant de mots justes, que de s entourer de nuées rhétoriciennes. Il y a le verbe, mais il y a aussi le verbiage, la pacotille de la fausse éloquence, et l’escroquerie des mots, ces bijoux indiscrets. Etre naturel et parler simplement des choses simples semble être aujourd'hui le comble de la vulgarité. Se faire comprendre de tout le monde parait être le signe d'une insupportable médiocrité. Ce n’est d’ailleurs pas la précisbité qui est condamnable, c’est la suffisance. On en a aujourd’hui un exemple frappant dans le spectacle que nous offre Jouvet à Y Athénée. On prend plaisir à la précocité d'un Giraudoux, même quand elle en arrive à se détruire en renchérissant sur elle-même, car elle n'est point dupe de ses artifices. Mais quand nous entendons, dans un pathos Insupportable, glapir, délirer et hurler les boxniches hystériques de M. Jean Genet, ce disciple forcené de M. Jean Cocteau, nous sommes asphyxiés par la suffisance, et cette pièce absurde, qui a la prétention d’être déplaisante, est d’un ton si faux et si artificiellement tendu, qu’elle noua fait ressentir davantage l’art magnifique et humain d’un Zola écrivant Pot-Bouille....