Extrait du journal

L’un d’eux, M. Maurice, après cinquante-deux années de services non interrompus, et consacrés soit à l’ancienne comp tabilité nationale, soit à la nouvelle institution qui l’a rem placée en 1807, a jugé le moment venu de se reposer. Un demi-siècle et plus de travaux assidus lui donnait bien droit à ce repos. Magistrat exact et laborieux, constamment esclave de la règle et du devoir, l’estime de la cour le suivra dans sa retraite. L’autre, il y a peu de semaines, s’est éteint subitement, après une dernière journée passée au milieu de vous, et qu’il avait encore consacrée au travail. Il m’appartient peut-être plus qu’à un autre, messieurs, de vous parler de M. de Saint-Laurent, et des regrets que sa perte a causés. * Une confraternité de services, qui remonte déjà bien loin, m’a va il mis en rapport intime avec lui. Avant de venir s’as seoir au milieu de vous, M. de Saint-Laurent faisait partie de l’inspection générale des finances, réorganisée sur de nouvelles bases en I8U6, et devenue presque une création nouvelle entre les mains de l’habile ministre qui allait réaliser tant d’autres améliorations capitales dans l’administration du trésor. Ayant moi-même longtemps appartenu à ce corps, avant d’aspirer à 1 honneur de votre magistrature, j’ai dû à celte cette circonstance, et à plusieurs missions remplies conjoin tement avec lui, d’apprecier la sagesse de son esprit, la va riété de son instruction, la bienveil’ance de son caractère, et la loyauté qu’il apportait dans l’exercice de fonctions toujours délicates, quelquefois rigoureuses. Ces bons antécédents l’avaient fait juger digne d’être ad mis parmi vous en 1825. Il y figurait avec honneur depuis près de vingt-deux ans ; il était dévoué à ses devoirs ; il a épuisé sa vie à les remplir fidèlement et à s’en acquitter comme d’une dette de conscience. Que ce témoignage, qui sans doute obtiendra de nombreux assentiments dans cette enceinte, puisse apporter quelque consolation à sa famille, et lui soit un titre de recommanda tion auprès du Gouvernement du Roi ; qui, dans l’équitable rémunération des services passés, verra non-seulement l’ac complissement d'un acte de justice, mais encore un stimulant nouveau pour les services présents. Du reste, messieurs, ces vides sont maintenant comblés de manière à atténuer autant que possible, mais sans les effacer, les regrets que la cour peut éprouver. Elle vient d’ouvrir ses rangs au petit-fils d’un ancien conseiller-maître (1), et au fils d’un ancien president de chambre (2 , qui se présentent ainsi tous deux sous la protection du nom de leurs pères, et, mieux en core, avec la recommandation de leurs propres services. Ils ne peuvent manquer de comprendre tout ce que leur impo sent d’obligations la faveur qui les accueille au sein de cette cour et l’honorable héritage qu'ils y retrouvent. La séance a ensuite été levée....