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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 14 novembre 1850

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
14 novembre 1850


Extrait du journal

au milieu de vous, et le Gouvernement du pays, qu’une égale sollicitude anime pour les souffrances présentes des populations rurales et pour les futurs progrès de l’industrie agricole, ne saurait demeurer étranger à vos travaux. Aussi, vous le savez, il les suit avec sympathie, il s’y associe avec empressement ; et, quand vous vous réunissez dans un pieux sentiment pour honorer la mémoire des hommes émi nents et chers qui ont disparu de vos rangs, il vient joindre l’expression de sa reconnaissance pour leur dévouement à celle de vos respects. Que dans tous ses degrés, en lias comme en haut, l’agri culture demeure, en effet, bien convaincue qu elle occupe le premier rang dans la pensée du Gouvernement. Long temps négligés, que les intérêts agricoles sentent désormais une main protectrice étendue sur eux; longtemps dédaignée, que la profession d’agricullcur reprenne avec continuée son rang élevé dans le pays. Nous ne l’ignorons pas , il faudra de longues années pour réparer les maux de l’agriculture. Ils sont profonds, car le laboureur n’est pas pressé de se plaindre, lui ; il supporte longtemps sa peine ; il la supporte avec patience et résigna tion. Accoutumé à recevoir directement de la main de Dieu les bienfaits comme les misères, il sait mieux que tout au tre souffrir, se taire et mourir, sans colère et sans envie. Qui veut connaître ses besoins et ses douleurs doit aller les sonder lui-même, car la chaumière qui les recèle se cache dans l’ombre et ne cherche ni 1 éclat rii le bruit. Si vous parlez au laboureur de progrès, de bien-être pro chain, il ne se laisse ni entraîner, ni séduire ; ces pro messes d’avenir éveillent en lui plus de méfiance que d’es poir, accoutumé qu'il est à tout recevoir de la Providence et peu des hommes. Cependant, vous qui savez le chemin de sa chaumière, qui si souvent y avez porté des paroles d'en couragement cl de consolation, dites-lui qu’il est 1 objet d’une préoccupation bien vive; qu’à la tète de l’Etal il y a un cœur qui s’identifie à toutes ses souffrances, qui honore toutes ses vertus, qui bat à toutes ses joies. N’en avez-vous pas la preuve dans celle conviction persé vérante qui va .doter la France de la réforme hypothécaire et de ces institutions de crédit foncier qui doubleront les forces productives du sol, en dirigeant vers lui les capitaux qui le fuyaient? Et quand le Gouvernement désire que les travaux d’irri gation s’accélèrent et se multiplient, n'cst-ce pas pour ac croître nos ressources en pâturages et notre production en viande, aliment si rare encore sur la table de l’ouvrier des campagnes? Quand il cherche à propager les procédés d’as sainissement des terres et l’emploi du drainage, n’est -ce pas parce qu’ils sont également favorables à l'accroissement des récoltes et à la santé des laboureurs? Est-ce à dire que, par un coup de baguette magique, tout va changer du jour au lendemain dans le sort de l’ouvrier des campagnes ? Vous ne le croyez pas, et le laboureur a trop de bon sens pour le croire ou pour le demander. Il sait qu’on ne récolte pas le jour même où l'on a semé ; il sait que le temps est à toutes choses nécessaire ; il a de la pa tience, il attendra. Mais il faut qu’il sache aussi qu’en haut il y a un écho sympathique pour toutes ses douleurs, des récompenses pour tous les services qu’on lui rend, et la ferme intention de marcher sans relâche à l’amélioration de sa destinée. Vous le lui direz, messieurs ; vous ferez mieux, vous le lui prouverez en appliquant plus que jamais vos forces et vos intelligences à venir en aide au Gouvernement du pays dans l’accomplissement d’une lâche à laquelle il sc dévoue tout entier avec fermeté, résolution et persévérance. Do vifs applaudissements -ont accueilli ces paroles, surtout au moment où Ai. le ministre a fait allusion a l’intérêt que le Président de la République porte à l’agri culture. M. Doyère, professeur à l’institut agronomique de Ver sailles, qui avait été chargé par Al. le ministre de l’agricul ture et du commerce de faire une étude approfondie des ra vages causés par l’alucite du blé et de rechercher les moyens de la détruire, vient de soumettre à l’épreuve un appareil qui semble propre à donner la solution de cet important problème. D’après les expériences qui ont été faites dans le dépar tement du Cher, la semaine dernière, le filé qui est soumis dans cet appareil à une température uniforme et constante de 55 à GU degrés conserve toutes ses propriétés pour la panification ; l’insecte, au contraire, y est frappé de mort. Quant à la propriété germinative du blé, on sait que jusqu'à 7ô degrés elle se conserve. » On peut passer dans l’appareil de CO à 100 hectolitres de blé par jour. La dépense est peu de chose, soit pour l’achat de l’appareil, soit pour le combustible consommé. On sait que le département du Cher perd chaque année environ 2 millions sur les blés par les ravages de l’alucite, qui, malheureusement, sont loin d’être bornés à cette région. Si, comme tout l’indique, la valeur du procédé de AI. Doyère est confiimce par de nouvelles épreuves, le mi nistre de l’agriculture et du commerce sc proposerait de fai ré établir des appareils portatifs qui iraient assainir les blés d’un canton à l’autre....

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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