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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 16 janvier 1851

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
16 janvier 1851


Extrait du journal

— l e tribunal de police de Besançon, sous la présidence de M. Brocard, juge de paix, a appliqué hier, pour la pre mière fois, la loi des là mars, 13 juin et 2 juillet 18à() sur les mauvais traitements exercés envers les animaux domesti ques. Un sieur Frachebois (Constant), voiturier à Mamirolles, j était appelé devant le tribunal comme inculpé d’avoir exercé publiquement et abusivement des mauvais traitements sur des bœufs et un cheval àpparlenant au sieur Miteau, de la même commune. - Le tribunal a condamné Frachebois à hfP 3 \jde et aux frais. (L'Impartial.) ' ‘ ,, \ NOUVELLES DE MER. —On lit dans ie t ( des Etats-Unis : La paquebot à vapeur Ohio, fana* ^fages de Chagres à New-York, a failli périr drH't tre tra versée, qui a été marquée par les incidents le* pflis m via tiques. Voici quelques détails, que nous devons à la com plaisance de l’un des passagers : « Les malheurs de cette traversée ont commence, non pas à La Nouvelle-Orléans, comme ou l’avait dit d’abord, mais bien à La Havane. C’est en quittant ce port, le mercredi 18 décembre, au matin, que le cylindre de la machine de tri bord se brisa tout à coup. Il fallut laisser retomber l’ancre, à peine levée, et perdre vingt-quatre heures, non pour ré parer l’accident, ce qui eût pris trop de temps, mais pour mettre du moins la machine de bâbord en état de fonction ner seule. Le lendemain 19, on prit la mer par un ciel magni fique, et sans autre appréhension que celle de voir le voyage se prolonger un peu au delà des limites ordinaires. Pendant trois jours, en effet, un calme presque complet favorisa la marche du navire. Dans la soirée du dimanche, le vent s’éleva, fraîchit rapidement et finit par se déchaîner en une violente tempête. Le navire, impuissant à tenir tète à l’orage avec une seule machine, commença à fatiguer horriblement; on mit à la cape et on courut ainsi, par une mer affreuse, durant toute la journée du lundi et toute la nuit suivante. En voyant l’ouragan se prolonger ainsi, l’inquiétude se glissa parmi les passagers ; mais la matinée suivante allait éclairer bien d’autres périls et bien d’autres terreurs. « Le mardi 24, au point du jour, on s’aperçut qu’un des conduits d’alimentation de la machine s’était crevé et versait un énorme volume d’eau dans la cale. A six heures du ma tin, on éveilla les passagers, et tout le monde se réunit dans le grand salon, où se trouvaient déjà le capitaine Schenck et ses officiers. La situation était des plus critiques ; le navire avait déjà KJ pieds d’eau: les feux étaient éteints : la voi lure, presque en lambeaux, était d’ailleurs trop faible pour maintenir cette coque immense, dans laquelle l’eau même formait comme un lest mouvant. Livré ainsi, sans défense aucune, à la merci des flots, l'Ohio roulait lourdement, et chaque coup de mer lui faisait éprouver une secousse dans laquelle on eût dit que sa masse entière allait se démem brer. Par moments, il restait couché sur le flanc, de manière à faire craindre qu’il ne pùt se relever. Le péril, en un mot, était imminent, et chaque minute rapprochait le bâti ment et tout ce qu’il portait d’une perte qui semblait iné vitable. « Il y eut dans la cabine un de ces silences solennels comme il s’en fait aux heures suprêmes parmi les hommes réunis dans un danger commun. Un attendait la décision du capitaine comme un arrêt de vie ou de mort. Enfin M. Schenck prit à part M. Reverdy Johnson, et lui déclara que, si les passagers ne tentaient un effort désespéré, le na vire aurait sombré avant deux heures. L’illustre avocat se montra à la hauteur du rôle que lui faisait cette confidence : i en quelques instants, grâce à son énergique initiative et à celle du général Benjamin G. Howard, de Baltimore, le ser vice fut organisé. « Mais, le croirait-on, cent dix passagers sur trois cents seulement répondirent à l’appel qui leur fut adressé au nom du salut commun ! Il se trouva sur ce navire en détresse et prêt à couler bas des hommes bien portants, vigoureux, assez avilis par un lâche égoïsme pour refuser leur concours, en déclarant • que si le steamer pouvait être sauvé, il y avait « assez de meude à bord pour le sauver sans eux ! n Comme contraste avec celte inqualifiable conduite, nous ressentons un légitime orgueil en apprenant qu’en tête de la liste des travailleurs figuraient les noms de cinq ou six Français qui se trouvaient à bord. « Les cent dix volontaires furent divisés en cinq escouades i de vingt-deux hommes chacune, se relayant toutes les demiheures, et l’on se mit à l’œuvre. L’unique moyen dont on disposait à ce moment pour combattre l’eau, qui montait rapidement, était les quatre seaux destinés à monter le coke dans les circonstances ordinaires. La grande pompe d’épui sement se trouvait, en effet, hors de service par suite de l’accident arrivé à la machine de tribord, et ce fut seulement plusieurs heures plus tard, après bien des tentatives infruc tueuses, que l’on parvint à installer à l’arrière une pompe : qui ne fonctionna jamais efficacement. « Un navire faisant eau de toutes parts et ballotté au gré de la vague, sans nul moyen de se diriger ; une tempête i croissant en violence ; et, pour combattre tous ces périls, i quatre seaux manœuvres par des bras mal habitués à ce la beur : voilà donc quelle était la situation de l'Ohio la veille de Noël, au matin. « Pendant bien des heures, on travailla presque sans es- i poir : l’eau ne diminuait pas d’une manière appréciable; les passagers, harassés de fatigue et de froid, ne trouvaient, en rentrant dans la cabine, qu’un peu de biscuit et d’eau trouble pour se réconforter, car tout ce qui était bouteille de vin ou de liqueur avait été brisé par le roulis, et il était impossible d’allumer aucun feu. Cependant, dès que leur tour revenait, on les voyait courageusement reprendre leur poste ; parfois un d’entre eux tombait trahi par ses forces, mais chaque escouade faisait vaillamment sa tâche. « Vers le soir, enfin, on s’aperçut que l’on commençait à franchir. A minuit, on était parvenu jusqu’au conduit brisé ; on avait pu le réparer; l’eau, par conséquent, n’ar rivait plus que par les coutures disjointes de la coque, et bientôt les fourneaux de la machine furent à découvert. Sans perdre de temps, on se mit en devoir de chauffer, mais douze heures s’écoulèrent encore avant d’avoir surmonté tous les obstacles, et ce futieulement le mercredi, à midi, que la machine dégagée imprima aux roues une première révolution. « Au même instant le vent et la mer tombaient : on était sauvé désormaisI « Rien ne saurait vous peindre, nous disait hier notre narrateur, l’aspect du navire au moment où l’on se fut bien convaincu qu'il se remettait en marche. Chacun courait çà et là ; on se prenait les mains, on s’embrassait. Les mêmes hommes qui, depuis près de trente-six heures, avaient dé ployé une indomptable énergie, tombaient en pleurant dans les bras l’un de l’autre. L’immensité de la joie révélait toute l’étendue des angoisses que chacun avait comprimées dans son emur depuis deux jours. 1...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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