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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 19 juin 1846

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
19 juin 1846


Extrait du journal

« Monseigneur, « La présence de Votre Altesse Royale à l’inauguration du chemin de fer du Nord, I accueil si cordial fait hier par la Bel gique à la France entière dans la personne de ses princes; les hautes notabilités de ces pays voisins se trouvant aujourd’hui dans nos murs : tout prouve que les deux peuples, déjà unis par des souvenirs de gloire et une auguste alliance, sont heu reux de pouvoir multiplier leurs diverses relations. « Grâce à la sagesse du Roi des Français et de son Gounemement, une longue tranquillité a produit la merveille des chemins de fer : en effaçant les distances, ils vont rap procher les nations, créer entre elles de nouveaux rapports d’intérêts, d’estime et d’affection réciproque : et par là les ront, pour tous les Etats, de la paix^générale une nécessité permanente ! « La reconnaissance de l’Europe sera sans bornes : elle égalera, Monseigneur, notre dévouement au Roi, notre ad miration pour la Reine, notre attachement à la dysnalie de Juillet » S. A. R. le duc de Nemours, après avoir écouté ces paroles avec une visible satisfaction, a répondu en termes fort gra cieux qu’il était touché des sentiments qu’elles renfermaient et de la manière dont elles étaient exprimées au nom de la compagnie. Après les présentations civiles, les princes ont reçu les corps et les autorités militaires qui se trouvaient en grand nombre; on y remarquait les officiers de dragons en garni son à Gambrai, venus de celte ville pour saluer les princes. Le duc de Nemours s’est entretenu quelques instants avec les chefs de corps en les complimentant sur la bonne tenue des troupes qu’ils commandaient; il a remarqué l’air militaire des canonniers bourgeois; puis, conduit par M. le maire de la ville, il s’est rendu à la salle de spectacle où le déjeuner qu’on lui offrait avait été préparé. Dans cette courte traversée, faite à pied et à travers le Ilot des habitants, les princes ont été ac cueillis par de vives acclamations. Le coup d’œil de la salle de spectacle, éclairée par mille bougies luttant avec le gaz, était féerique. Toutes les galeries étaient garnies de dames en toilette, spectacle charmant qui a causé une surprise agréable aux voyageurs. Des girandoles immenses grimpaient le long des loges; des lustres nombreux s attachaient au plafond par des cordons garnis eux-mêmes de bougies et formant des pyramides de lumière ; des emblèmes, les chiffres couronnés des princes, les noms des villes de la Belgique et du département du Nord, des écussons rappelant les sciences, les arts, le commerce et l’industrie, qui font la gloire et la richesse de Valenciennes, avaient été semés cà et là autour de la salle, et rappelaient le but de la fêle et les noms des princes français qui l’honoraient de leur présence. Les étrangers de distinction, assis à cette table de 2ôU cou verts, qu’on pouvait supposer blasés par les fêtes grandioses de Lille et de Bruxelles, ont été unanimes pour déclarer qu’au cune salle de banquet n’était décorée avec plus de goût et d’ensemble. On doit des éloges aux commissaires intelligents et zélés qui ont réglé les apprêts de celte solennité, et à M. Pétiau, architecte de la ville, qui a mis beaucoup de goût et d’ac tivité dans ses dispositions. Le déjeuner, commencé vers midi, n’a pas duré une heure. On se rappelle que les princes devaient rentrer le même jour à Paris, et qu’ils avaient encore près de 80 lieues à faire par les détours du chemin de fer. Le repas a donc été abrégé. Avant la clôture, M. le maire s’est levé et a porté le toast suivant : « Monseigneur, « J’ai l’honneur de porter un toast au Roi et à la famille royale. « Au Roi, protecteur des arts, du commerce et de l’in dustrie. « Au Roi, si digne de notre respect et de notre amour. « A la Reine, qui partage avec Sa Majesté, la royale pré rogative de secourir et de consoler l’infortune. « Aux princes et princesses de la famille royale, que leurs qualités rendent si chers à la France. •< Puissent le Roi Louis-Philippe Ier régner longtemps, et ses descendants régner toujours sur notre belle patrie ! « Vive le Roi ! » Ge toast a été accueilli aux cris de Vive le Roi ! Vive la fa mille royale ! Dès que le silence a été rétabli, Msr le duc de Nemours s’est levé et d’une voix ferme et sonore, qui se faisait parfai tement entendre dans toutes les parties de la salle, il a adressé à M. le maire et aux habitants de Valenciennes une réponse pleine de tact, d’à-propos et de chaleur, réponse dont la pen sée et les expressions allaient tellement aux sentiments et aux sympathies des convives et des nombreux curieux entassés dans la salle que, malgré les règles du respect et des conjenanres, on ne put s’empêcher d’interrompre le prince à plu sieurs reprises pour couvrir sa voix par des acclamations. A la lin de celte allocution chaleureuse, dont l’effet serait impos sible à décrire, un tonnerre d’applaudissements a éclaté dans toute la salle. Les princes ont ensuite quitté leur place, et, suivi de tous les assistants, sont sortis du théâtre en saluant à plusieurs re prises les dames qui remplissaient les loges. Des voitures ont reconduit les illustres voyageurs au débarcadère. Avant de quitter la ville, M?r le duc de Nemours a remis à M. le maire de Valenciennes une somme de ô'K) fr. pour être distribuée aux indigents. Le prince a adressé des paroles affectueuses à MM. Abel de Pujol et Henri Lemaire, peintre et statuaire, et a fait compliment au premier sur son tableau inauguré la veille. M. Cunin-Gridaine, ministre de l’agriculture et du commerce, n’a pas voulu laisser partir les princes sans leur présenter notre concitoyen, M. Désiré Blanquet, membre du conseil général des manufactures, et l’un des plus intelligents industriels du pays Le duc de Nemours a adressé des paroles flatteuses et encourageantes à M. Blanquet, et, au moment de monter en voilure pour le départ, il a prié ce représentant de l’industrie valenciennoise de répéter à ses concitoyens com bien il était touché de l'accueil des habitants de cette ville, et de l’empressement, du zèle et de la cordialité dont il avait été l’objet. Après le départ des princes, les gardes nationaux de la ville de Valenciennes et les détachements venus des communes voisines se livrèrent aux plaisirs du tir à la cible qui leur était offert par l’administration municipale et pour lequel un terrain avait été disposé. Dans l’après-midi, la distribution des co mestibles, désignés par la voie du sort, aux porteurs de bil lets donnés par les commissaires de quartier, a eu lieu sur la place au milieu d’un concours extrêmement considérable de curieux. Un mât de cocagne offrait d’autres appâts beaucoup moins faciles à saisir; enfin, deux musiques militaires exécu taient alternativement des morceaux d’harmonie et entrete naient l’animation de la place. Celte journée, favorisée par le temps le plus serein et le plus chaud, a été terminée par le tir du feu d’artifice de la composition de M. Ruggieri....

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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