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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 22 février 1852

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
22 février 1852


Extrait du journal

sont les agents immédiats, serait gênée s’il perdait la fa culté d’appeler aux affaires arabes les officiers capables qui lui étaient signalés dans les corps servant sous ses or dres et de renvoyer à leur régiment ceux qui auraient perdu sa confiance. En second lieu, les répugnances contre l’innovation étant écartées, la question d argent étant résolue, il res tait une objection des plus sérieuses. Comment garantir des chances d’avenir aux officiers d’un corps dont les ca dres auraient été forcement très-restreints ? Comment, après les avoir classés dans ces positions spéciales, les faire rentrer dans les rangs de l'armée militante propre ment dite ? Ces considérations furent jugées si graves, qu’elles dé terminèrent le departement de la guerre à renoncer à la création d’un corps spécial. Cependant, afin de donner aux officiers attachés aux affaires arabes un témoignage de sa sollicitude, le Gouvernement voulut les mettre à l’abri de l’oubli où laissaient leurs services les chefs des corps dont ils étaient détachés. Le décret du 11 juin 1850 stipula qu’un travail d’inspection générale serait établi chaque année pour ces officiers par les généraux comman dant les divisions; que les mémoires de proposition pour l’avancement, centralisés par le gouverneur général, se raient transmis au ministre, et que les officiers qui en se raient l’objet pourraient être promus concurremment avec ceux de leurs camarades classés par les inspecteurs gé néraux ordinaires. Ces dispositions bienveillantes sauvegardèrent les inté rêts des officiers détachés dans les affaires arabes ; mais elles ne levèrent pas toutes les difficultés. En effet, elles ne spécifiaient rien pour le recrutement du personnel de celle institution. L’état actuel est loin d’être favorable. Les officiers, re crutés en majorité dans 1 infanterie, n ont qu'une position précaire. Lorsque les régiments dans lesquels ils sont in corporés rentrent en France, ils doivent eux-mêmes quit ter l’Algérie. La même chose arrive lorsque, pour ré compenser leurs services, on leur accorde un avancement qui entraîne un changement de corps. On perd ainsi des hommes formés par l’expérience, possédant des connais sances spéciales, toujours longues à acquérir, familiarisés avec les affaires du pays, dont ils ont la tradition. Leur départ amène une sorte d’interrègne, jusqu à ce que leur successeur ait pu se mettre au courant de ces délicates fonctions. Les efforts qu'on ne manque jamais de tenter uour les faire permuter, ne sont pas toujours couronnés de succès. Dans tous les cas, l’incertitude qui règne sur leur sort et les embarras suscités pour leur maintien en Algérie contribuent à détourner les officiers de s’adonner aux affaires arabes. Ces difficultés sont en partie surmontées lorsqu’on peut recruter les officiers dans les corps employés en Algérie d une manière permanente. Le décret que vous avez bien voulu signer le 13 février courant, afin d’augmenter l’ef fectif de cette portion de l’armée d’Afrique, ouvre donc des facilités nouvelles pour le recrutement du personnel des bureaux arabes. Mais ees dispositions sont loin d’être suffisantes, parce que les compagnies des zouaves, des bataillons d Afrique, de la légion étrangère et des tirail leurs indigènes ayant un effectif très-fort, le nombre des officiers de compagnie se trouverait diminué au détriment du service, si ces corps fournissaient seuls le personnel des bureaux arabes. L’étude attentive de cette situation m’a déterminé, monseigneur, à vous proposer de sanctionner par un dé cret une mesure importante depuis longtemps en élabo ration. Il suffirait, pour assurer le recrutement des offi ciers des affaires arabes, de décider que, lorsqu'un corps de l’armée d’Algérie serait rappelé en France, le gouver neur général serait autorisé à proposer au ministre de la guerre de retenir dans le personnel des bureaux arabes deux officiers par régiment et un par bataillon formant corps. Les officiers ainsi maintenus en Algérie continueraient à compter dans leur corps, et seraient considérés comme détachés pour un service spécial. La combinaison que j’ai 1 honneur de vous soumettre compléterait le décret du 11 juin 1850 ; elle serait en même temps un corollaire du décret du 13 février cou rant. Elle sauvegarde tous les intérêts. Elle n’entraîne au cun surcroît de dépense. Le commandement militaire, en Algérie, conserve entière son initiative pour le choix des officiers qu’il veut appeler dans les bureaux arabes ; il peut les faire rentrer à leur corps s’ils déméritent ; il n’a plus à craindre de voir la surveillance administrative des tribus désorganisée toutes les fois que des mutations ont lieu parmi les régiments de l’armée d Afrique. Les régi ments de la métropole qui auront à fournir deux officiers pour les affaires arabes n’en supporteront aucun dom mage, parce que leur service est moins pénible qu en Al gérie ; parce qu’ils n’ont pas autant de non-valeurs par suite de l’influence du climat et des maladies, et que le nombre des officiers présents est toujours suffisant. Ces considérations me font espérer, monseigneur, que le décret que j’ai l’honneur de présenter à votre signa ture méritera votre haute approbation. J’ai la confiance d’obéir à vos intentions bienveillantes envers les bureaux arabes en vous fournissant cette nouvelle occasion de té moigner votre sollicitude pour le personnel dévoué et in telligent de cette institution qui a su se rendre si utile en Algérie. Je suis, avec le plus profond respect, Monseigneur, Votre très-humble et très-dé voue serviteur, Le ministre de la guerre, A. de Saint-Arnaud....

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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