Extrait du journal

Et cependant cette salle aux ornements de deuil, cette maison vide, ce portrait re couvert d’un crêpe noir, tout cela avait un aspect poignant et qui serra le cœur du marquis, dont la curiosité allait croit-sant. Le vieux valet découpait les pièces de venaison et les volailles, versait à boire, changeait les assiettes, et ne soufflait mot. Le marquis et Yvon étaient pareillement silencieux. Enfin M. de Tinténiac ne put résister plus longtemps au désir de savoir le nom de cette femme que le vieux valet appelait madame • la baronne et qui pratiquait si noblement l’hospitalité. — Mon ami, dit-il, apprenez-moi chez qui je suis. — Vous êtes chez madame la baronne, répondit le valet vêtu de no r. , — Bon, ditle marquis, mais elle a un nom, votre baronne? — Oui, monsieur. — Et je désirerais le connaître. — Voilà qui est impossible, monsieur. À cette réponse inattendue, le marquis fit un haut-le-corps, et il reposa brusque ment sur la nappe le gobelet qu’il allait porter à ses lèvres. — Monsieur, continua le valet, il n’y a qu’un seul homme dans tout le pays envi ronnant qui sache le nom de madame. — Et ., cet homme...? — C’est moi ; mais j’ai ordre de ne ja mais le prononcer. — Voilà qui est bizarre,ditle marquis, excessivement bizarre. — Je parle du nom de famille, bien entendu, reprit le vieux valet ; car madame se fait appeller de son petit nom : madame Hélène. — Mon ami, dit le marquis, laissez-moi...