Extrait du journal

meutes dressées, ni allées, ni raccourcis, comme on en trouve dans nos forêts pour courre le cerf ou le sanglier. Elle attaque souvent les animaux domesti ques, mais presque jamais l'homme, et encore de nuit, jamais de jour. Elle n’est dangereuse que bles sée ou tout à fait surprise, comme Fours, le sanglier, le loup, le serpent ou la guêpe. 11 y a évidemment des accidents, surtout pour ceux qui font profession de chasser ces animaux, comme il y a des accidents à la chasse au cerf ou au sanglier; ma:s les morts d’hommes par le fait de l’animal même sont presque aussi rares que chez nous. Enfin, tout voyageur vé ridique ayant réellement voyagé en pays sauvage vous dira que le danger des bêtes féroces est bon à reléguer dans le magasin des crequemitaines à l’u sage des marmots indociles. Tous vous diront que, soit dans les jungles, soit dans les forêts, l’homme est bien vraiment le roi de la création ; qu’aucune bête ne lui cherche querelle à moins de faim presque inouïe ; que toutes l’évitent; que toutes reculent à son approche ou tremblent à sa vue, et que c’est lui, au contraire, qui traque, épie, chasse, tue tous les animaux du globe terrestre. Je n’ignore point que ces assertions sont contrai res aussi bien à l’opinion généralement admise qu'aux portraits donnés par la plupart des naturalistes, des écrivains, et surtout des romanciers voyageurs. Je pourrais citer une foule de récits de chasses, de ro mans, d’articles, etc., qui tendent à prouver le con traire de ce que je viens d’avancer ; mais comme mon opinion s’est formée de visu, je la garde, tout en vous devant la justification de nies dires, car ce sont les minorités qui doivent prouver leurs assertions, Il suffit de relater, puis do disséquer les causes de la réputation des animaux féroces pour voir combien cette réputation est peu fondée. Sa principale raison d’être est naturellement l'i gnorance, propagatrice éternelle de l’exagération, de Ferrcur et surtout du merveilleux. La science zoolo gique, au lieu de dissiper cette erreur, l’a épaissie en quelque sorte. Certains savants, ou regardés comme tels, ont fait des portraits de pays et d’animaux qu’ils n’ont jamais vus, et qui par conséquent ne ressem blent pas ; car si habile que soit un artiste, je le dé fie de faire même sa propre silhouette, s’il ne pos sède pas admirablement ses traits dans sa mémoire ou, mieux encore, dans une glace. Quelques natura listes qui ont eu sous leurs yeux, au Muséum ou ail...