Extrait du journal

Est-ce une place convenable pour attendre les gens? ne pouvez-vous monter chez moi? vous ai-je jamais fermé ma porte ? — Non, me dit-il, j’en conviens, mais je n’ai pas osé. — Eh bien î entrez, répliquai-je, car j’ai besoin de causer avec vous. Et, le prenant par le bras, je l’aidai à se relever, puis, sans lui laisser le temps de réfléchir, je le poussai dans l’escalier. A peine fûmes-nous dans mon cabinet, que le pauvre garçon se laissa tomber sur une chaise, il était littéralement anéanti. Je le forçai de prendre un verre de vin, et sitôt qu’il fut un peu remis : — Je ne devrais pas, lui dis-je, vous parler de vos chagrins. Vous n’avez pas dai gné vous souvenir de mon amitié, et vous avez préféré que j’apprisse vos tristesses par d’autres, plutôt que de me les confier vousmême. Cela est mal, très-mal, et je devrais vous en vouloir. Mais je n’en ai pas le courage. Seulement, puisque nous som mes seuls, m’expliquerez-vous quel est ce genre de folie qui vous a pris tout à coup ?... — Hélas 1 mon ami, ce n’est pas de la folie... et c’est justement parce que je n’ai pas voulu que vous eussiez, comme les autres, une triste opinion de moi, que j’ai tenu, avant de mourir, h venir vous raconter ma vie et vous expliquer ma mort... «... Que parlez-vous de mort? mccnaije. Décidément, vous êtes encore plus fou que je ne croyais. — Non, je ne suis pas fou, vous allez en juger par vous même. Mon mal est sans remède et je n’ai plus la force de me ro’dir contre la souffrance. Au reste, prêtez-moi quelques minutes d’attention, et, quand vous connaîtrez ma vie, alors vous me pardonnerez sans doute de désirer sa fin. — Je vous écoute, lui dis-je, mais j’ai...